En préalable à leur réponse pour le concours « Envies de Loire » lancé au printemps 2017 par l’Agence d’Urbanisme de Tours, l’équipe de Signaux Faibles écrit : “Perchés au sommet des locaux de l’Université, avec vue panoramique sur la Loire, soleil, rafraichissements, rouleaux de calques vierges et impatients, voisins sympathiques… On aurait pu rester là bien des heures. Mais non. Il nous fallait sortir dès que possible pour arpenter les lieux”
Signaux Faibles est un laboratoire de prospective appliquée qui a pour habitude de rencontrer la Loire à Nantes, mais pas seulement, car les membres de ce laboratoire savent bien comme tous ceux qui aiment la Loire et qui l’ont apprivoisée, que le fleuve est plus que fréquentable ici et là. On me dit même qu’il y a dans l’équipe un autre spécialiste, qui lui côtoie chaque jour la Garonne. J’ai compris que tous aimaient notre fleuve et moi, j’ai aimé le projet de cette équipe qui semble connaître si bien cette question de la place du fleuve dans la ville.
Tourner les regards de la ville vers son fleuve
Pour l’équipe, le fleuve est singulier, il a un nom, une identité forte, son mauvais caractère et ses grosses colères. En bordure, la ville est là ; s’étalant dans le lit du fleuve, elle affirme sa présence sur les deux rives. On perçoit que la ville et le fleuve se méfient l’un de l’autre. La question qu’ils se posent est simple. Ils l’énoncent dans leur projet : comment retrouver le fleuve ? C’est un dialogue ville – fleuve qui s’engage. Leur fleuve a un nom, la Loire. Il a sa personnalité ; la Ville a la sienne. Elle cohabite avec cet autre, plus humide. Les deux s’observent, maintiennent une distance « de courtoisie »… C’est un dialogue entre les rives qu’il faut aussi engager ; pour ne plus se limiter à franchir le fleuve, mais aussi le pratiquer, en profiter. Pour l’équipe de Signaux Faibles le fleuve mérite même de retrouver une place dans le quotidien des habitants qui (pensent-ils) ont fini par ne plus le voir.
Tirer le fil de la méthode
De ces premiers dialogues, ils dressent un constat qu’ils appellent “Besoin de rien”, car l’évidence est là ; en agissant sur des espaces qui sont en relation avec le fleuve, il est possible d’intensifier ces liens, et de les diffuser sur la ville. Ce que l’équipe de Signaux Faibles nous propose, c’est une méthode fondée sur l’observation et la rencontre pour apprendre à intensifier les échanges entre les habitants et le fleuve, pour appréhender des usages, qu’ils soient passés ou présents ; une méthode qui préconise la mise en œuvre rapide de projets réversibles et réalisables dans des délais courts… Une méthode enfin qui vise à amorcer des nouvelles pratiques du fleuve dans des secteurs stratégiques déterminés par les outils de l’urbanisme tactique (voir note) , en fondant sur les usages passés et présents des interventions rapides et légères. Une médecine douce en quelque sorte pour réapprendre à la ville à vivre avec le fleuve.
Et quoi de mieux pour finir que de nous donner rendez-vous pour l’été 2018, juste le temps qu’il faudrait pour “identifier un lieu, pour engager le dialogue et tisser les premiers éléments d’un projet à écrire au fil du temps et du fleuve” comme il est écrit en conclusion du projet Besoin de rien.
En savoir plus sur Envies de Loire : https://enviesdeloire.com/fr/public/
Que faire ? Comment le faire et dans quel ordre ? Envisager une évolution globale et à long terme, lancer rapidement des actions concrètes ? C’est le travail au quotidien de l’atelier Faye, l’agence d’Hermeline Sangouard installée à Nantes, qui formée à l’architecture à Marseille, a ensuite complété sa formation en suivant le cursus « Villes et Banlieue » de l’école d’architecture de Lyon.
Diplômé de l’Institut d’études politiques d’Aix, titulaire d’un DEA d’Anthropologie, d’un Master d’urbanisme et d’un Master of Business Administration (MBA), Sylvain Grisot est maître de conférences associé à l’IGARUN (Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes), intervenant au Design Lab Ville Durable de l’Ecole de Design de Nantes, et membre du CA de l’Institut Kervégan, un laboratoire d’idées citoyennes installé à Nantes. Il est aussi le fondateur de Dixit, une agence de projet qui concentre son action sur la transformation de la ville existante. Pour lui, “repenser l’existant c’est accompagner un changement d’usage, mais aussi se projeter dans l’avenir”.
Dimitri Boutleux est ingénieur paysagiste formé à l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois. Il est actuellement chargé d’étude en urbanisme (projets urbains et paysages) au sein de l’agence d’urbanisme Bordeaux métropole Aquitaine “a’urba”. Il est aussi Co-rédacteur d’OPENFIELD, une revue ouverte sur le Paysage.
« Signaux Faibles » est d’abord un espace ouvert et singulier, un webmagazine dédié à l’exploration des futurs. C’est le poste d’observation avancé de l’agence « dixit » et de « l’atelier Faye ». C’est aussi le nom de l’équipe qui a proposé le projet « Besoin de rien ».
Retrouver les travaux :