Accueil > Handicap zéro > La ville agricole et l’agriculture urbaine, un quotidien des frères JANIN et de l’agence FABRIQUES Architectures Paysages
parc-quartier agricole de Venoge

La ville agricole et l’agriculture urbaine, un quotidien des frères JANIN et de l’agence FABRIQUES Architectures Paysages

Les frères Janin, Pierre et Rémi, interrogent les formes et les moyens d’une révolution urbaine en marche, “cette transition à la fois nourricière, environnementale et urbaine que vivent la ville et l’agriculture actuellement”. Pour eux comme pour d’autres, “la ville d’aujourd’hui doit être agricole et ceci de façon imaginative et vivante”. Mais ce n’est pas suffisant de le dire ; il faut l’expérimenter, le montrer et le démontrer.

En plus d’être architectes, paysagistes, philosophes et urbanistes, les deux frères sont agriculteurs et expérimentent leurs théories dans la ferme familiale située à Vernand dans la Loire ; une ferme d’élevage de bovins et d’ovins allaitants qui leur sert de support et d’outil pour l’élaboration d’une conception et d’une organisation architecturale et paysagère agricole contemporaine.

La ville agricole

Parc agro urbain à Genève

Pour les frères Janin, plus une ville est urbaine et plus elle devrait-être “agricole en termes de besoins nourriciers”. Pour bien comprendre comment l’agriculture doit se “(re)saisir du paysage” – selon les termes de Rémi Janin –  il  faut revenir au temps de la mise en place des organisations agricoles et sociales rurales. Dans ses temps lointains, les bourgs étaient à proximité immédiate des terres cultivables et même des autres ressources utiles. Chaque bourg, chaque village, pouvait ainsi “s’auto suffire”. C’est à mon sens la démarche de nos deux “architectes – paysagistes – agriculteurs”. Pour eux, il est certainement important de le faire entendre. Ainsi pour mieux urbaniser leur travail FABRIQUES Architectures Paysages – c’est le nom de leur agence – a installé depuis 2010 une annexe à Lyon pour mêler à la fois préoccupations urbaines et rurales.

Le Grand Prix national du Paysage présidé cette année par le paysagiste Gilles Clément

Depuis, l’agence est lauréate en 2009-2010 des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes (AJAP) distingués par le Ministère de la Culture, lauréate 2014 du Palmarès des Jeunes Urbanistes (PJU) distingué par le Ministère du Logement et de la Ruralité, et lauréate 2016 du Prix Spécial National du Paysage décerné par le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer.

L’agriculture urbaine

Du lin et du chanvre dans l’aire d’attente de la Confluence à Lyon
Pâturage dans le parc de Gerland à Lyon

Au fil de leurs études, de leurs communications, de leurs expositions, de leurs conférences, ils évoquent l’urbanisme agricole, l’aménagement agricole intégré dans le paysage urbain, les enclaves agricoles dans les périphéries, la culture des zones en attente de construction, l’agriculture qui se (re)saisit du paysage, l’agriculture comme projet spatial, l’agriculture dans la révolution urbaine, etc. Ils inspirent encore d’autres pratiques comme la création de parcs agricoles, qui sont d’abord pensés pour leur vocation productive (mise en place d’espaces de productions) mais qui sont aussi polyvalents et susceptibles d’accueillir d’autres usages comme des manifestations festives lors de leur temps de non utilisation agricole. Dans cette façon de voir, les axes de circulation pourront servir de chemins d’exploitation comme de randonnée, l’été, les bâtiments agricoles pourront servir à d’autres usages, etc.

Premier projet : le lotissement agricole

En 2006, à l’occasion de leur travail pour l’obtention de leur diplôme, ils imaginent “le lotissement agricole”, une organisation spatiale hybride permettant à la fois l’urbanisation partielle de terrains situés en zone préurbaine, et leur exploitation agricole. Dans leur réflexion, les habitations seraient regroupées sur les bordures s’organisant autour d’un vaste pâturage central planté d’arbres fruitiers (largement présents sur site). Le pâturage serait occupé par les moutons pendant la période estivale, le reste du temps il serait ouvert et deviendrait un espace collectif ayant un usage de parc partagé. Ce système permettrait aussi d’assurer une présence humaine forte surveillant le pâturage. Les eaux des toitures seraient récupérées pour l’abreuvement des moutons… Dans leur démarche ils interrogent “les formes de la transmission nourricière urbaine, dirigée vers la construction d’une ville consciemment agricole imaginative et vivante” (1).

À partir des formes existantes

Pour eux, l’agriculture est désormais indissociable du projet urbain. Les espaces urbains peuvent être pensés dans une dimension nourricière, les enclaves agricoles en périphérie peuvent devenir des parcs agraires. Ils parlent encore d’estive urbaine pour valoriser les interstices, de parcs agricoles vivriers, de quartiers agricoles, d’urbanisme agricole, de villes agricoles. Ils veulent que se développe un “urbanisme agricole”, mais aussi que “de nouvelles campagnes se réorganisent à partir des formes existantes”. Pour Rémi Janin, “l’agriculture est indéniablement urbaine et la ville agricole”.

(1) La ville agricole – Rémi JANIN – Éditions Openfield – juin 2017

Photos : FABRIQUES Architectures Paysages

En savoir plus sur le travail de l’agence : http://www.fabriques-ap.net/communications/publications/

L'auteur : Xavier Guillon

Rédacteur en chef et en os et profiteur d’espaces, il aime l’urbain et le crie haut et fort. En secret, il rêve de nature et prend régulièrement les chemins vicinaux.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *