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Un livre – La Dimension cachée

La Dimension cachée (titre original : The Hidden Dimension) est un essai écrit par l’anthropologue américain Edward T. Hall et publié en 1966, qui parle de l’espace social et privé, de la perception que l’on en a.

Cet ouvrage, je l’ai lu en 1980, et donc bien après sa première publication. Il nous avait été conseillé par notre professeur de psychologie du travail. J’en avais retenu que les crises ethniques, sociales et urbaines sont évidemment liées à la perception que nous avons de notre espace social et personnel, public et intime. Grâce à Edward T. Hall, j’avais alors découvert  que l’Homme avait progressivement amoindri  son sens olfactif au profit de la vue et de l’ouïe, deux sens qui, d’après l’auteur, traitent de données plus complexes et permettent l’abstraction ; et qu’ainsi l’art est une source de renseignement d’importance sur le contenu et les structures des perceptions humaines, comme la culture façonne la perception du monde.

L’ouvrage encore permet de comprendre qu’il existe des seuils à ne pas franchir dans la concentration de la population lorsque l’on conçoit des quartiers. L’auteur rappelle que la ville est l’expression culturelle du peuple, le prolongement de la société. Il insiste sur cette idée que l’anthropologie de l’espace permet de répondre aux besoins des différentes populations lorsque des immeubles ou des quartiers sont construits. Pour lui une bonne analyse de la perception sensorielle et de la distance en fonction des cultures permet une planification urbaine intelligente qui contribuera au bien-être de la société en respectant les besoins des uns et des autres et donc en évitant les mêmes dysfonctionnements observés chez les animaux. Il existe des espaces à organisation fixe, semi-fixe ou informels, qui dépendent des cultures et de l’histoire.

Surtout ce livre tente d’expliquer pourquoi les différences culturelles doivent être prises en compte dans l’organisation de la société, et pourquoi les urbanistes doivent  s’en saisir pour élaborer des plans de villes sur mesure et éviter ainsi, comme cela se fait trop souvent, d’imposer des modèles non adaptés aux exigences et habitudes locales en matière d’espaces et d’habitats.

Le résumé de l’éditeur

Edward T. Hall présente tout d’abord l’approche proxémique (1) et rappelle les travaux précédant cet ouvrage, que ce soient ceux d’anthropologues sur plusieurs décennies ou les siens, expliqués dans son ouvrage précédent Le Langage silencieux.

L’auteur cite ensuite des expériences d’éthologie montrant la régulation de l’utilisation de l’espace chez des populations animales. Il détaille les espaces sensoriels humains, et disserte sur la façon dont l’art permet de se confronter à d’autres perceptions de l’espace.

Puis il met en place un modèle d’anthropologie de l’espace et présente les distances intimes, personnelles, sociales et publiques déterminées expérimentalement. Edward T. Hall compare alors les proxémies de différentes cultures avant d’ouvrir la notion à l’architecture, l’urbanisme et l’« avenir humain ».

(1)  Proxémie, proxémique (subst. fém.) : Discipline scientifique qui étudie l’organisation signifiante de l’espace des différentes espèces animales et notamment de l’espèce humaine. Proxémie animale, humaine. Étude des positions relatives des interlocuteurs. Dans une première approche, la proxémique semble s’intéresser aux relations spatiales (…) qu’entretiennent les sujets entre eux, et aux significations non verbalisées qu’ils en retirent (Greimas-Courtés1979). Le mot « proxémie entre dans notre dictionnaire en 1971 (E. T. Hall, La Dimension cachée, traduit de l’édition de 1966 par A. Petita, Seuil)

La photo à la Une : Alain DUTOUR

Edward T. Hall (trad. Amélie Petita, postface Françoise Choay), La Dimension cachée [« The Hidden Dimension »], Paris, Points, 1978 (1re éd. 1971 en français, 1966 en anglais)

Nouvelle édition : Date de parution, mai 2014 / Editeur, Points / Collection, Points Essais

L'auteur : Xavier Guillon

Rédacteur en chef et en os et profiteur d’espaces, il aime l’urbain et le crie haut et fort. En secret, il rêve de nature et prend régulièrement les chemins vicinaux.

Un commentaire

  1. L’éditeur, Éditions du Seuil – Points Essais – 05/2014, écrit aussi : « La dimension cachée, c’est celle du territoire de tout être vivant, animal ou humain, de l’espace nécessaire à son équilibre. Mais, chez l’homme, cette dimension devient culturelle. Ainsi, chaque civilisation a sa manière de concevoir les déplacements du corps, l’agencement des maisons, les conditions de la conversation, les frontières de l’intimité. Ces études comparatives jettent une lumière neuve sur la connaissance que nous pouvons avoir d’autrui et sur le danger que nous courons, dans nos cités modernes, à ignorer cette dimension cachée : peut-être est-ce moins le surpeuplement qui nous menace que la perte de notre identité. »

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