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La Grande Arche à La Défense - Photo Alain Dutour

[À l’époque] Paris va s’étendre dans la région de la Défense

C’est ce que l’on pouvait lire dans le magazine Art & Décoration de février-mars 1958 dans un article écrit par Bernard Champigneulle. Et l’on pouvait lire en introduction : “Les projets d’urbanisme les plus importants que Paris ait jamais connus viennent d’être adoptés. Ils étaient nécessaires. Ils arrivent même bien tard”. Toujours ce besoin d’étendre la ville… Nous avions envie de revenir à “l’époque” en vous proposant la lecture d’une actualité maintenant bien ancienne, et qui pourtant…

“Chacun peut être témoin de la terrible congestion qui menace la capitale d’asphyxie. Les points d’attraction y restent concentrés comme au siècle passé et paralysent la circulation. Manque de logements, manque d’espaces verts, manque d’écoles, manque de centres d’affaires accessibles et organisés, en bref, manque général de place.

En 1961, le bidonville avec vue sur le CNIT

Il s’agit d’urbaniser un territoire d’environ 700 hectares qui se trouve dans l’axe des Champs-Élysées, à 4 kilomètres de l’Étoile, s’étend de la porte de Neuilly à l’île de Chatou, et intéresse particulièrement les communes de Courbevoie, de Puteaux et de Nanterre. Le sol y est peu et mal utilisé, très mal bâti. Les constructions sont si laides et désordonnées que toutes les grandes administrations et organismes internationaux que l’on tentait de diriger de ce côté refusaient de s’installer en des lieux si déshérités. Pourtant, le Centre National des Industries et des Techniques, prévoyant le grand mouvement d’expansion future, a décidé de créer, au rond-point de la Défense, le gigantesque bâtiment que nous voyons s’élever aujourd’hui.

Entre le pont de Neuilly et le rond-point, la voie sera large de 80 mètres, bordée d’immeubles de 27, 40 et 52 mètres de hauteur, tandis qu’à l’arrière-plan sont prévus des immeubles-tours hauts de 73 mètres. Des bâtiments bas à un seul étage, formant portiques, s’aligneront au pied des immeubles et seront réservés aux magasins. L’avenue traversera le terre-plein de la Défense par une voie souterraine où se raccorderont les voies transversales.

En 1966, la tour Nobel en construction

Toutes ces constructions seront plantées dans de vastes espaces libres ou réservés aux parkings. Ils sont affectés à peu près par moitié à des bureaux et à des logements. En haut, en face du palais du C.N.I.T., une tour de 200 mètres est projetée, pour abriter de multiples bureaux, et un hôtel de mille chambres qui s’avèrera d’autant plus nécessaire que se trouvera à ses pieds un immense palais des Congrès, qui sera le lieu de réunion de beaucoup le plus vaste de Paris. Tout cela composera un ensemble monumental ordonné et de grande envergure qui doit devenir une des principales manifestations de l’architecture des temps modernes.

La Défense en 1966

Au-delà du rond-point, dans la direction de la forêt de Saint-Germain, l’avenue aura la même largeur que l’avenue Foch (140 mètres) et sera bordée de verdures. Cette autoroute rapide sera doublée de routes de promenade et de dessertes sinuant dans des paysages ombragés. Plusieurs quartiers à destinations différentes sont prévus (maisons individuelles, immeubles d’habitations, H.L.M.) et des aires de jeu, des jardins, des emplacements pour des expositions temporaires, des écoles et des lycées. Au bord de la Seine, en face de l’île de Chatou, un terrain d’une centaine d’hectares est réservé à une éventuelle exposition universelle.

Il est bien évident que le succès de cette entreprise est conditionné par le prolongement de la ligne de métro. Bien que toutes les études en soient faites, aucune décision, malheureusement, n’a encore été prise. On ne peut que souhaiter voir rapidement aboutir le projet qui consiste à aménager un tunnel à quadruple voie pour une circulation « omnibus » et une circulation « express » celle-ci étant raccordée à la gare de la S.N.C.F. de la ligne Paris-Versailles.

Il faut souhaiter aussi que dans ces grandioses réalisations techniques, les artistes et les décorateurs ne soient pas oubliés. Ils doivent contribuer à rehausser le prestige de cette sensationnelle opération d’urbanisme.”

Photo à la Une de Alain Dutour – Les autres : photos d’archives Paris – La Défense

Bernard Champigneulle est né en 1896 et est décédé en 1984. C’est un journaliste, écrivain, critique d’art. Il est l’auteur (entre autre) de : Paris – “architectures, sites et jardins” aux éditions Seuil – 1979 / “L’Architecture du XXe siècle” publié aux Presses universitaires de France – 1962 / “L’Art nouveau” aux éditions Somogy – 1972

L'auteur : La rédaction

Les rédacteurs et photographes du magazine écrivent des paysages et des horizons.

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