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Le MuséoParc d'Alésia

L’architecture du “MuséoParc d’Alésia” invite à entrer dans l’histoire

Le Centre d’interprétation de la bataille d’Alésia n’est pas un musée qui renferme l’histoire dans ses murs. Dans cette nouvelle façon d’évoquer un temps historique, une attention particulièrement sensible est portée au paysage. Le musée n’est pas là juste pour rapporter des faits. Il se greffe dans le lieu pour mieux inviter les visiteurs à entrer et à s’immiscer dans l’histoire.

La scénographie architecturale

Mouvement, espace, événement
Mouvement, espace, événement

L’architecture du lieu est plénière, même si sans aucun doute la mise en avant du rythme du fait historique est en point d’orgue. En ouverture, la vision d’ensemble l’emporte. Par sa scénographie architecturale, il existe bien au “MuséoParc d’Alésia” une trilogie lisible que l’architecte Bernard Tschumi nomme : “mouvement, espace, événement”. Pour en arriver à cet ensemble construit, le projet a été réalisé par une équipe pluridisciplinaire de renommée internationale : Bernard Tschumi Urbanistes Architectes pour l’architecture,  Michel Desvigne   pour la mise en paysage et la société Scène  pour la scénographie.

En prolongement du paysage, le bâtiment esquisse un camouflage

Une résille de mélèze
Une résille de mélèze
Le toit terrasse
Le toit terrasse

Enterré partiellement dans la colline, le bâtiment apparaît comme un prolongement du paysage. Il est construit en bois, en écho aux fortifications romaines présentes à l’époque du siège. Le toit du bâtiment est un jardin planté d’arbres et l’herbe, esquissant un camouflage.

Rappelant l’encerclement romain, le Centre d’interprétation est une illustration de la place occupée par les romains lors de la bataille d’Alésia. Le bâtiment, conçu sur cinq niveaux de forme circulaire (rotonde de 15,5 m de hauteur, 53 m de diamètre) est recouvert d’une résille de bois de mélèze évoquant les ouvrages militaires romains.

la rampe
la rampe

Au premier étage d’une grande salle d’exposition à laquelle on accède par une rampe semi-circulaire et de plan hélicoïdal qui débouche sur une coursive annulaire, le plateau d’exposition est divisé en espaces narratifs. Mais l’histoire n’est pas que dans la salle. Elle se poursuit en panoramas, par les baies largement ouvertes et des longues-vues permettant d’observer le paysage d’Alesia à 360°.

Le récit historique s’inscrit dans le paysage

Tout s'imbrique
Tout s’imbrique
Les fortifications romaines
Les fortifications romaines
l'histoire en panoramas
L’histoire en panoramas

Pour parachever l’intégration de l’édifice dans le site et l’harmoniser avec les collines boisées qui l’entourent, la terrasse a été aménagée par le paysagiste Michel Desvigne avec plus de 150 arbres couronnant le bâtiment. Mais pas seulement ; le site extérieur de 6 500 m² est lui aussi en herbes et en arbres. Dans cette illustration, le paysage appartient pleinement à l’histoire. Tout s’imbrique le plus étroitement possible. On ressent l’occupation temporaire, mais forte et organisée. Elle est marquée par une passerelle de bois qui mène du bâtiment aux fortifications.

 

Photo à la une : Centre d’Interprétation d’Alésia – Sonia Blanc

Photo « l’histoire en panoramas » : Goupe HYBRIDE

Autres photos : Xavier Guillon

 

L’architecte Bernard Tschumi Bernard Tschumi est largement reconnu comme l’un des plus grands architectes d’aujourd’hui, et a même reçu le prestigieux Prix de Rome en mars 2015 ; la récompense d’un travail exceptionnel dans le domaine de l’architecture. Dès les années 1970, à travers ses dessins et ses écrits, Bernard Tschumi insiste sur le fait qu’il n’y a pas d’architecture sans événement, sans action ou sans activité. L’architecture n’est pas régie seulement par des coupes, plans, perspectives, diagrammes, façades et murs. Elle n’est pas uniquement, comme l’affirmait Le Corbusier, le “jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière”. L’architecture n’est pas que statique, elle est aussi sonore, olfactive. En expliquant son travail, Bernard Tschumi précise : “l’architecture n’est pas histoire d’esthétique; tout au contraire, elle puise dans le quotidien, à commencer par la dynamique des corps dans l’espace. Ce fut l’objet de mes premières investigations: comment exprimer le rapport direct entre le mouvement, l’événement et la mise en espace?”

Occupé à parcourir le monde pour des projets aux Etats-Unis, en Europe et en Asie, enseignant à Harvard et en Suisse, collaborant avec les plus grands noms de l’architecture, le paysagiste Michel Desvigne reçoit le 30 janvier 2012 à Paris le Grand Prix de l’urbanisme 2011. Botaniste et géologue de formation, considéré par ses pairs comme « le plus anglo-saxon » des paysagistes français, il se déclare “passeur entre cultures”. Son héritage revendiqué des grands parcs aux Etats-Unis propose de renouer avec la géomorphologie des lieux et d’en faire le principe fondateur de l’intervention urbanistique et paysagère. Sa réflexion sur les lisières, espaces délaissés entre ville et campagne, a fait l’objet de propositions ambitieuses dans le cadre du Grand Paris, avec l’équipe de Jean Nouvel. Pour lui, “ le paysagiste observe des grands espaces et ne s’arrête pas au kilomètre devant lui”.

La société SCENE est un bureau d’études spécialisé dans la conception, la construction et la réhabilitation d’équipements culturels de toutes natures et de toutes capacités : théâtres, opéras, salles de spectacles, théâtres universitaires, centres culturels, centres de congrès, musées et salles d’exposition. Elle a à son actif la Caverne du Pont d’Arc (Grotte Chauvet). Pour la société SCENE, “la scénographie construit autour de la vie : c’est une histoire, un personnage, une musique qui inspirent les espaces de leurs représentations”. Dans sa mise en scène du “MuséoParc d’Alésia” elle s’est appuyée sur deux préceptes : l’historique du siège et de la bataille et la mise en parallèle des deux cultures militaires.

 

 

L'auteur : Xavier Guillon

Rédacteur en chef et en os et profiteur d’espaces, il aime l’urbain et le crie haut et fort. En secret, il rêve de nature et prend régulièrement les chemins vicinaux.

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