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Mise en scène pour petits plus

Discrètes fantaisies

Des feuilles mortes, un tas de bois, des rondins : au parc de la Hercerie, chaque petit détail du jardin est mis en scène pour apporter des petits « plus » qui font sortir le jardin de l’ordinaire.

La Hercerie est un lieu qui inspire les amoureux des jardins depuis maintenant plus d’un siècle. Dessiné par René-Edouard André, ce parc privé est désormais la propriété de M. Dujardin, ancien courtier en assurance tombé amoureux de la botanique. Aujourd’hui, ce n’est plus le fameux « style mixte » de René-Edouard André qui fait l’originalité de ce jardin, mais bien le style très personnel du nouveau propriétaire. Artiste poète, M. Dujardin a en effet une façon bien à lui d’entretenir le parc et de s’approprier les lieux.

13 hectares à composer

Le jardin a une signature et déjà du caractère. Il faut composer avec. C’est un parc de 13 hectares avec étang en fond de vallon et arbres centenaires. Peu à peu M. Dujardin prend possession des lieux et y dissimule des dizaines de petites “surprises” pour les promeneurs.

Encadrement d'un détail
Encadrement d’un détail

Les compositions sont partout, au détour d’une allée, en bordure de clairière. Dans le parc, des fenêtres sont ouvertes. Elles permettent d’encadrer un détail, un instant du jardin. Par des successions de découvertes, tout en utilisant le vallonnement pour en animer subtilement l’espace, les vues sont alternées en lumières et paysages.

 

Un cadre ouvert sur la forêt
Un cadre ouvert sur la forêt

Dans les allées de la fantaisie

À l’entrée du parc, une œuvre signée Marie Goussé : un cadre de tableau ouvert sur la forêt. En regardant à travers, le visiteur aperçoit les grands arbres et les chemins sinueux. Cette véritable “nature vivante” n’est que la première d’une longue série de surprises. Pour découvrir les différentes installations, le visiteur est invité à prendre son temps. Ce n’est qu’en flânant au hasard des chemins qu’il pourra remarquer la présence d’un pont en “partition de musique”. Les passages sont transitions. Ils nous entrainent dans les tableaux d’une mise en scène fantaisiste.

 

Les tableaux


Il y a dans ce parc quelques folies végétales. M. Dujardin, poète jardinier, décide d’accompagner la partition déjà écrite. Il détourne quelque peu quelques évidences paysagères pour en préserver le sens. La tonalité des couleurs est de verts et de bruns. Il s’en inspire et en joue. Quelques vieux buis qu’il aurait fallu arracher deviennent une belette et une cachette pour les enfants.

ordonnancement de bois de chauffe
ordonnancement de bois de chauffe

Plutôt que de disposer des rondins en tas, ils sont ordonnés en cercle pour former un muret. Les feuilles mortes regroupées forment de gros cylindres bruns au milieu des bois. Quant au majestueux arbre centenaire qui vit ses dernières années, plutôt que d’être débité en bois de chauffage, il est maintenu au milieu de la pelouse, telle une sentinelle entouré d’herbes folles. Un siège ovoïde blanc se détache au milieu d’une prairie ponctuée de formes circulaires, comme si quelques soucoupes volantes avaient fait escale sur le gazon. Pour M. Dujardin il faut laisser le moyen aux vielles branches, aux feuilles tombées ou aux arbres morts, d’être présents. Pour cela il les met en scène pour qu’ils deviennent selon leur forme et notre imaginaire, un phasme géant, un train et sa locomotive… Le stockage des coupes et des matériaux est réalisé dans le respect d’un jeu de construction.

Les passages sont transitions
Les passages sont transitions

 

Une juste mesure de la surprise


Tous ces aménagements sont décrits par le propriétaire comme des “installations” : des clins d’œil sans prétention artistique ou sens caché qui ont pour seul but de donner une personnalité et une touche de fantaisie au parc. Pour M. Dujardin, de la surprise, il en faut mais pas trop. Pour ne pas dénaturer le travail original de René-Edouard André, rien de loin n’est visible ou presque. C’est dans cette simplicité que réside tout l’intérêt.

 

En préférant quelques simples installations, M. Dujardin démontre qu’il suffit d’un peu d’imagination pour donner à un jardin une touche unique et une vraie personnalité.

Texte et photos Emmanuel Brousse

L'auteur : Emmanuel Brousse

Le spécialiste des chroniques décalées et des interviews sans filet. Il est journaliste en recherche d’un vrai job et s’est même spécialisé dans la rédaction savoureuse de lettres de motivation. Ce qu’il aime le plus, c’est l’improbable.

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