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Vent de Nord-Est - Photo Gaspar Païva

Les éoliennes, dans le vent du paysage politique

Des articles sur les effets éoliens tant en fric qu’en couillonnades et “pigeonnades”, il y en a régulièrement dans la presse. Pourtant s’il y en a un qui sans esbroufe, m’a bien plus, c’est celui publié dans CHARLIE HEBDO le 23 septembre 2015 : “Eoliennes, du vent, et surtout plein de fric”.

À tous vents, les communes sont prospectées par les promoteurs. Pour exemple, dans les trois années à venir et dans un seul rayon de trente kilomètres, plus de 300 éoliennes vont ainsi pouvoir s’installer dans une région tant vantée pour la qualité de ses paysages, les vallées de la Gartempe et de la Vienne, aux confins du Berry, du Poitou et du Limousin. Il ne faudrait pas que ça vous fasse tourner de l’œil.

La zone libre, n’est plus !

Rêve éolien dans le paysage du Roc d'Enfer - Origine photo "Vent Debout"
Rêve éolien dans le paysage du Roc d’Enfer – Origine photo « Lathus Vent Debout »

Regardez bien la carte, une véritable stratégie d’occupation se met en place. Les zones d’exploitation se densifient. La région est littéralement colonisée par les groupes éoliens multinationaux. Ainsi, 4 à 8 aérogénérateurs de 185 mètres de hauteur sont à l’étude sur la commune de Lathus (à 600 mètres du bourg) entre la vallée de la Gartempe (à 1500 m. du Roc d’Enfer) et Bourg-Archambault. Sur la commune de Bussière-Poitevine, deux permis de construire sont actuellement en examen pour l’implantation de 15 aérogénérateurs de 180 mètres, à 600 mètres du bourg de Saint-Rémy. Sur Plaisance, un projet pour 5 aérogénérateurs en lisière de Saint-Rémy est actuellement en instruction. Et d’autres projets sont déjà à l’étude sur les communes de Journet-Jouhet (10 machines), Les Hérolles (20), La Trimouille (10), Brigueil (5), Sillars, Saint-Rémy, Plaisance, Bussière-Poitevine, Adriers, Le Dorat, Saint-Bonnet de Bellac, Saint-Barbant… Il faut le voir pour le croire. “Et on ne nous dit pas tout”.

La France manque d’énergie

Mais si nous parlions des promoteurs ? Ce sont EDPR, Volkswind, Enertrag, Gamesa et VALECO pour les principales. EDPR (la société espagnole EDP ​​Renováveis) est une filiale de la société portugaise EDP Group. EDP ​​Renováveis ​​est surtout le troisième plus grand producteur d’énergie éolienne dans le monde. Volkswind GmbH est le principal producteur privé en Europe et avec plus de 40 parcs éoliens, il est l’un des plus grands opérateurs de fermes éoliennes en Allemagne. La société possède des filiales dans le monde entier, en France, en Angleterre, en Pologne, en Bulgarie et aux USA. Enertrag AG est également un groupe privé allemand. Le groupe gère plus de 520 installations éoliennes qui produiraient déjà en 2013, 2 milliards de kWh d’électricité par an, soit l’équivalent des besoins électriques pour une population d’un million de personnes (Mais attention, les chiffres sont eux aussi volatiles, certains annoncent une production effective entre 20 et 25% de la puissance annoncée). En France, Enertrag a déjà des permis d’exploitation pour la production de 400 MW en éolien. Fin 2012, Enertag exploite sur notre territoire déjà plus de 170 MW. Classée second fabricant européen d’aérogénérateurs Gamesa est le second fabricant européen d’aérogénérateurs et l’un des principaux au monde. Gamesa est constructeur, promoteur, exploitant et vendeur de parcs éoliens. La petite dernière, VALECO est une société française dont le siège est à Montpellier. Avec plusieurs sites en France, elle produit 125 MW. Bouquet final : on lit dans “Environnement Magazine” le 18 janvier 2016 que “le deuxième employeur français en maintenance éolienne en terme d’effectifs est une entreprise d’intérim”. On comprend mieux les propos de Nicolas Hulot en 2005 : “Au départ, l’énergie éolienne est une très bonne idée mais à l’arrivée, c’est une réalisation tragique”.

On se demande si les éoliennes ne nous font pas tourner la tête

Mais ce n’est pas fini, une prochaine “OPA”, est programmée sur la commune de Lathus – Saint-Rémy, un des hauts lieux dans la Vienne du tourisme vert, de la randonnée, du canoé-kayak et de l’escalade, vendu aux touristes à grand renfort de publicité par les services de la communication du département. Vents debout, certains informent, sensibilisent, dénoncent, s’opposent. Ils aimeraient faire respecter l’application des lois et des règlementations territoriales. Rien n’y fait. Les fermes éoliennes ont le vent en poupe et chez les partisans, on accuse même la préfète Barret (ancienne préfète de la Vienne) d’être trop dans la protection du paysage.

Tout ça n’est que du vent

Du vent, rien que du vent. Un vent qu’il faut avoir pour faire démarrer la machine (4 m/s = 14,4 km/h), une vitesse de vent nominal de 12 m/s (43 km/h) nécessaire à la bonne production d’électricité et une vitesse qu’il faut immédiatement stopper en cas de vents trop forts (la vitesse d’arrêt, est en général de 25 m/s, soit 90 km/h) pour éviter que la génératrice ne soit détruite.

Le moulin de Massugeon - D'après une photo de Tourisme en Monmorillonnais
Le moulin du Breuil à Thiat – Photo retraitée par Gaspar Païva

Que de Bla-bla que tout cela. Mais une question quand même. Avons-nous des études permettant de conclure que nos ancêtres étaient bien cons de n’avoir jamais pensé installer des moulins à vent dans ces charmants paysages ?

… Et une histoire de moulins à vent qui m’entraine dans les pages de rapports écrits sans aucune gêne par les opérateurs. Ainsi dans l’un écrit pour un autre projet (La ferme éolienne de Chauché, en Vendée), je lis que les rhinolophes sont des chauves-souris qui ne craignent pas les éoliennes, que les techniciens enquêteurs ne travaillent pas la nuit, que dans tous les cas les collisions entre la faune et les éoliennes seront faibles, que les haies détruites n’ont qu’un moindre intérêt écologique et qu’il n’existe en conclusion aucun impact sérieusement identifié. Cela a le mérite d’être clair. “Rappelons simplement, que depuis longtemps l’Europe et la France ont clairement affiché leur volonté de développer les énergies renouvelables et à travers elles l’éolien” est-il écrit dans la réponse au procès-verbal du commissaire enquêteur dans le cadre de l’enquête publique pour la demande d’exploiter un parc éolien de cinq éoliennes sur la commune de Chauché rédigé par la société d’exploitation.

Mais nous ne sommes pas des linottes

De ce vent d’autan, ce qui pourtant retient mon attention, c’est qu’au-delà du sacrifice patrimonial (l’identité de nos paysages), plus de 78% des éoliennes installées en France sont de marques étrangères. Que la production totale d’électricité éolienne est extrêmement variable, de 1 à 100 dans l’année, 1 à 10 dans le mois, 1 à 4 dans une seule journée. Que certains affirment qu’il faudrait un peu plus de 93 500 éoliennes pour couvrir l’ensemble de nos besoins, ce qui à raison de 24 hectares par éolienne permet de couvrir 2 240 000 hectares. Que d’autres affirment que dans le calcul effectué, il a été oublié que le vent n’est disponible que 20% du temps en moyenne et que ce n’est donc pas 93 500 éoliennes qu’il faudrait, mais 150 000 machines. “Et ben couillon” (dit-on dans cette région Poitevine et de Basse-Marche), ça fait froid dans le dos. Ça effacerait même le sérieux de la Cour des Comptes qui écrit en 2013 : “ les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de cette politique conduisent à un coût croissant pour la collectivité, avec des contreparties socio-économiques en termes d’emplois et de commerce extérieur qui ne sont pas toujours à la hauteur des attentes”.

J’ai même lu sur le blog Energie & développement (bon, c’est vrai que quand on cherche, on trouve…) que “J-M. Jancovicci, ingénieur Climat à la maison Hulot, a montré depuis longtemps qu’on ne réduira pas le CO2 avec des moulins à vent qui marchent un jour sur cinq et qui ne servent qu’aux pics de consommation, et encore quand il ne faut pas le thermique à la rescousse pour les moments sans vent ou sans soleil …” Et oui, économie et écologie procèdent de la même racine, la maison (oikos en grec). Une maison qui si elle était bien exposée pourrait nous protéger des courants d’air.

Note d’espoir

Le journaliste Laurent Radisson rapporte sur le blog actu-environnement.com que ces derniers jours,  nos “sénateurs ont adopté contre l’avis du gouvernement une disposition qui impose de recueillir l’avis conforme de l’architecte des bâtiments de France sur les projets d’éoliennes dans un périmètre de 10 km autour d’un immeuble classé, un monument historique ou un site patrimonial protégé dès lors qu’on les voit depuis ces monuments ou qu’elle sont visibles en même temps qu’eux”. Cette disposition sera-t-elle suivie par nos députés ?

Dans l’attente que le vent tourne

Vous pouvez suivre l’info sur le site http://www.lathus-ventdebout.org/

Ou même contacter l’Association Lathus Vent Debout – 4 Chez Tabuteau – 86390 Lathus – Saint-Rémy

contact@lathus-ventdebout.org

L'auteur : Xavier Guillon

Rédacteur en chef et en os et profiteur d’espaces, il aime l’urbain et le crie haut et fort. En secret, il rêve de nature et prend régulièrement les chemins vicinaux.

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