Pour l’architecte paysagiste Jean Mus, le Président du Concours “Carré de jardiniers”, le jardin doit répondre à un seul et unique objectif, le dépaysement total. Alors, il suggère pour 2015, un thème susceptible de prolonger nos rêves : “la récréation”, ce moment privilégié dans la vie des petits et des grands, qui reste “ l’instant de tous les plaisirs, la parenthèse délicieuse, un moment suspendu dans le temps et précieux pour les sens, l’instant de liberté pour lire jouer, courir, manger, rire ou simplement se reposer…”
À tout Concours des finalistes…
Lors de la dernière édition de “Paysalia” qui s’est déroulée à Lyon du 1er au 3 décembre dernier, cinq jardins des finalistes de “Carré de jardiniers” prolongent “la récréation” : Alexandra Torossian présente “L’échappée belle”, Sylvère Fournier (élue Maître jardinier du Concours 2015), “Le jardin enjoué”, Pauline Robillard, “C’est l’heure de la récré”, Xavier Poillot ,“Comptine d’un autre été” et Victor Lacaille, “Trois États au Jardin”. Ces cinq jardins parenthèses ont su jouer des “moments suspendus”. Nous sommes restés plus longtemps dans le jardin de Victor Lacaille pour ses “saveurs”.
Les quelques “saveurs ” du projet présenté par Victor Lacaille.
Dans son jeu théâtral, “Trois États au Jardin” s’exprime parfaitement dans son organisation et dans sa symbolique. Le jardin est en jeu, en chambre et en promenades. C’est aussi une composition en trois chambres indépendantes, indissociables et complémentaires, un jardin qui fait référence à trois temps du jeu : le rêve, l’expérimentation et la rencontre.
C’est un jardin qui exprime trois plaisirs d’un jardinier. Le premier jardin évoque celui du jardinier passionné. Son jardin est riche de plantes cultivées amoureusement, sélectionnées au fil des années. La seconde chambre, la plus vaste, est pensée pour recevoir, s’amuser et faire plaisir. Les plantations simplifiées à l’extrême flattent le regard. Le mobilier confortable, assis sur un large solarium, fait face à un bassin. Le dernier jardin est celui du rêveur, l’esprit solitaire pour qui la contemplation de la nature laissée à son libre cours reste un réel plaisir. C’est une chambre conçue “pour plonger les pensées au plus près des nuages et des frondaisons”.
Dans le projet de Victor Lacaille, la promenade est aussi en flashback. Pour le jardinier-concepteur-paysagiste, “le jardin vecteur de joie, fête et rencontre n’est qu’une vision occidentale réductrice de la récréation”. Il nous propose un autre regard et ajoute : “Regardons les jardins d’Orient, où le jardin s’avère être un lieu de méditation, de silence et d’isolement. Perçu d’une autre manière encore, dans certains pays d’Afrique où le jardin, essentiellement nourricier, est le lieu du travail quotidien à plusieurs, de labeurs mais aussi de plaisirs partagés”.
Par jeu, “la scène proposée au salon “Paysalia” évoque l’hiver. Son script est chargé d’ouvertures, de perspectives et de rêves. Sa mise en paysage questionne bien aussi la sensibilité, l’innovation, la tradition, le dialogue, la surprise, et l’émotion. C’est un jardin qui sait nous détourner de notre quotidien.