De jeunes architectes et paysagistes savent remettre en forme les espaces usés, et nous raconter de nouvelles histoires juste en reprenant des morceaux d’un passé pas si lointain, qu’il y a peu encore on laissait dans l’oubli. Ils jouent avec l’espace public ; c’est bien ainsi. L’architecte Illya Rastvorov est de ceux-là.
Illya Rastvorov est même l’une des lauréates du concours CANactions Youth Competitio 2019, un concours ouvert aux étudiants et diplômés des départements d’architecture des établissements d’enseignement supérieur ukrainiens, dont le thème de l’année était autour de la notion de “Hromada” : un terme ukrainien qui désigne une association de personnes unies par un intérêt commun, une assemblée territoriale.
Naissance de “Copenhagen Playground”
Le projet présenté à Kiev par Illya Rastvorov, est la transformation d’un dépôt de la gare de Copenhague au Danemark en aire de jeux et de loisirs, en Copenhagen Playground écrit-elle. À l’origine de la réponse de l’architecte, il y avait un lieu, avec ses entrepôts abandonnés, ses vieilles structures d’acier, de vieux wagons et un passé qui s’effaçait mal. La demande ? Il s’agissait de créer sur le lieu un espace public destiné à la détente et à l’art. La vision de l’architecte ? Peut-être le souvenir d’un petit train en jouet, de tous ces circuits et accessoires qu’on aime construire quand on est enfant ; le souvenir aussi de ces longs trains de marchandises qu’on aimait voir passer. J’avoue ne pas avoir questionné l’architecte à ce sujet. J’ai seulement visionné les illustrations de son projet et j’ai immédiatement revu “mon petit train à moi”. Mieux, j’ai eu l’étrange impression que Copenhagen Playground était encore dans son emballage.
… Une zone vivante
L’espace imaginé est un pôle d’attraction ; déjà, cela se lit dans la maquette du projet. Le site est resté une gare de marchandises avec sa surface de manutention, ses voies et ses vieux wagons de marchandises repositionnés sur les différentes voies ont été repeints et revisités. Chaque voiture a une fonction unique. Le ludique est un peu partout dans la “zone d’activité” : ici, on déambule sous l’un des wagons, comme lorsqu’on était enfant et qu’on s’évadait dans les coins cachés de ces vastes espaces de transit. Le site est resté brut et “authentique”, comme s’il était encore un site d’industrie ; pourtant les terrains de jeux pour les enfants et les zones dangereuses ont été clôturés, et certains éléments ont été ajoutés : des escaliers, des rampes et des aires de transition. Le plan d’ensemble du complexe comprend une aire de stationnement, une aire de jeux, un terrain de sport, une aire de restauration et une aire de circulation douce. Le lieu permet l’installation d’œuvres artistiques, tandis qu’une scène permet d’accueillir des groupes musicaux, de théâtre, et autres artistes vivants.
Dans ce projet, “hier” reste accroché à notre contemporain ; rien ne s’efface, tout s’ajoute. C’est un projet comme je les aime. La friche n’est plus ; ou plutôt, elle est réveillée.
Illustrations : de l’architecte Illya Rastvorov