Le “Carraig Ridge Fireplace” est une sorte de “cantou”, un “coin du feu”, qui a été construit en bordure d’un lac au pied des Rocheuses et à quelques 80 kilomètres à l’ouest de la ville de Calgary au Canada ; c’est un lieu de repos et aussi de rencontre. Ici, on appelle ce coin chaud, “a folly”.
Ici, le cantou se dresse sur la berge
Personnellement je l’ai adopté, car il me rappelle quelques souvenirs dans d’autres forêts en Europe que l’on traverse aussi en traineaux, en skis ou en raquettes l’hiver. Oui, cette construction, elle est déjà bien inscrite dans ma tête ; elle me rappelle ces trous que l’on creuse dans la neige en Russie pour y faire un feu, s’assoir à l’abri du vent avec des amis, et y cuire les chachliks. Cette cabane-là, je la vois naturellement en bordure d’un chemin de grande randonnée ; ici, elle est installée sur la berge du lac, dans une coulée d’herbe qui prolonge la clairière de la forêt. La ville bruyante est loin derrière. Je ne suis plus à la poursuite de la nature ; maintenant, c’est elle qui m’accompagne. Ce n’est pas tout ; ce lieu est à la fois un point de repère et un lieu de destination, une lumière qui renseigne et qui aussi se laisse emporter la nuit par les eaux plus ou moins agitées du lac.
Le Carraig Ridge Fireplace, c’est même une interprétation d’un tas de bois…
Et aussi, il y a cette méthode de construction qui est à retenir. Là encore l’image a son importance, car il s’agit d’une interprétation formelle d’un empilement de bois de chauffage comme on en trouve encore des exemples dans des régions froides en hiver et sèches en été. Mais techniquement surtout, la “folly” est construite de tasseaux en bois de sapin de Douglas, coupés en longueurs de 3-à-5-pieds (environ 90 cm à 1.50 m) et arrangés dans six positions amenant une rotation sur l’ensemble, et créant une torsion au centre du foyer. Autre intérêt : c’est que par ce type de montage, l’air est “tamisé”, adouci et la lumière pénètre mieux dans le “coin de feu”.
Un amer pour ceux qui s’en approchent…
Et, il y a tous ces carrés de miroirs placés en bout de bois qui enregistrent le paysage tout autour, la pelouse, la neige, les éclats de soleil, l’eau, la forêt ; le lieu n’est pas qu’une cabane de trappeur ; c’est aussi un amer pour ceux qui s’en approchent.
Un foyer pour ceux qui s’y installent…
Et puis, il faut bien parler du confort, car c’est tout d’abord un lieu de repos et de convivialité. Le foyer est au centre ; ceux qui sont là, sont assis ou allongés sur des bancs fixés à la structure, tout autour ; à moins qu’ils ne préfèrent profiter des points de vue ouverts dans la structure et des percées résultant de l’assemblage des bois. Surtout, mais cela se remarque plus dès la tombée de la nuit et aussi la nuit, les entre-bois permettent à la lumière du feu de glisser vers l’extérieur et de revenir colorer le paysage.
Une folie paysagère
Enfin, il ne faudrait pas oublier, ce que l’architecte Bryan Young – de l’agence Young Projects – le concepteur de cette folly, ajoute pour exprimer la présence du lieu : “l’aspect séduisant est obtenu par la rotation des bois empilés et l’altération variable des bois renforcée selon l’orientation solaire. Cette lecture d’un gradient tonal progressif se révèle au fil du temps, et ajoute de la profondeur à la nature entrelacée de la structure”.
C’est la première réalisation d’une série de trois folies paysagères qui devraient être construites sur le site de Carraig Ridge, pour des temps de pause dans un cadre majestueux.
Année du la construction du projet 2013
Photographies et illustrations de l’agence Young Projects / Photographes : Bent René Synnevåg, Brett Bilon, XYC Design & Development