Mais non. Elles sont aussi dans d’autres langages des cabanos, cabanas, chabanas, tsabanas, cabanons. Elles se dénomment aussi cayons, cayennes, louèges, loges, borniottes, cabinets, cadeules, cadoles, chibottes, caves, courtas, oustalets, capitelles, chambrettes, caravelles, granjons, orris, gariotes, caselles, chaselles…
On les imagine comme des petits nids, des lieux de retraite, on les croie originaires du midi et elles nous promènent dans une lointaine poésie mêlée de gestes et d’accents. Elles sont présentes là où il y a des vignes, mais pas seulement… Le plus souvent, elles s’intègrent aux aménagements en pierre sèche des champs, vignes ou vergers. Généralement, elles font l’objet d’un grand respect. Elles appartiennent au “patrimoine sensible”.
Les cabanes de pierre sèches racontent l’histoire de paysans auto-constructeurs, d’entraides et de maçons anonymes. Elles relèvent d’une architecture sans architecte, une architecture vernaculaire, dans le sens qu’elle est écrite dans un langage qui renvoie à une utilité, dans un temps, en un endroit et à un groupe social. Elles sont là pour déposer quelques outils, pour le repos du paysan.
Contrairement à l’idée qu’elles ne seraient présentes que dans nos régions méridionales, elles sont présentent sur les deux tiers sud de la France, en Vendée, dans les côtes d’Armor et dans le Morbihan. On les retrouve en Irlande, en Grande-Bretagne, en Suisse, etc. À leur vue, on ressent la force du soleil, on s’imagine déjà loin du village, perdu dans le causse, la garrigue, le maquis… On les imagine ligure, celte. Elles appartiennent pourtant à l’architecture des temps modernes ((XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles). Elles se sont édifiées dans un même mouvement économico-social de partage des communaux, de défrichement et d’extension de la culture de la vigne.
Aujourd’hui, entourées de buissons, encombrées de pierrailles, elles restent des sentinelles. Elles gardent les secrets d’enfants, de travailleurs, d’amoureux et d’amants. Les cabanes racontent en silence ce qui n’est pas dans nos livres d’histoire.