Quand on partait sur les chemins, à bicyclette…
En France, la bicyclette, depuis qu’elle est née, s’est installée partout… Et puis, elle a été oubliée ; on a pensé à elle pour les premiers « congés payés », pendant l’occupation, lors de la crise de 1973. La société de consommation s’est chargée de la faire vite oublier. Et puis, il y a eu le covid où en France ; un mois et demi de restrictions ont rendu l’air nettement plus respirable. On aurait pu y croire. Croire au retour rapide de la bicyclette.
Pourtant, au début des années 1910, en France, « la bicyclette était déjà devenue un outil banal de la vie quotidienne ». Et même comme je le lis dans le même article du Monde de janvier 2018, « dans les années 1920, la vente par correspondance (avec notamment le catalogue Manufrance) permet à tout le pays, même dans les coins les plus reculés, de s’offrir un vélo ». Et à la belle époque déjà, les constructeurs français (Peugeot, Manufrance) sont installés dans les beaux quartiers, où vit la bourgeoisie qui a déjà adopté la bicyclette. La bicyclette apparaît alors comme « une transition vers l’univers du vingtième siècle », ouvre « l’ère nouvelle de la vitesse », comme nous le rapporte Philippe Gaboriau (1), et enfin comme l’écrit Pierre Chany (2), la pratique de la bicyclette « permet aux femmes de sortir des limites imposées ». La bicyclette est reine !
Quand la pratique devient mature
Aujourd’hui, pour se balader occasionnellement ou se déplacer quotidiennement, les ménages français ont fait l’acquisition de plus de 10 millions de bicyclettes au cours des cinq dernières années. Et au cours des quinze dernières années, c’est surtout dans les grandes métropoles que l’usage du vélo a progressé, notamment grâce à la mise à disposition de 45 000 vélos en libre-service. Pour autant, la pratique progresse également en zone périurbaine et en milieu rural, peut-on lire dans un article du Commissariat général au développement durable mis à jour le 23 novembre 2022.
Peut-être suffirait de changer de braquet, ne plus tricoter…
Également, selon une étude de l’Insee portant sur l’année 2015, en France seuls 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. Le vélo est surtout utilisé lorsque le lieu de travail se trouve jusqu’à 4 km du domicile. Au cours des 12 mois précédant l’enquête, un français sur 5 (17 %) s’est fait voler au moins une fois son vélo et 4 % plus d’un vélo. Il n’est donc pas étonnant de voir que les trois mesures prioritaires demandées sont la multiplication des itinéraires cyclables pour plus de sécurité dans les déplacements (51,6 %), la mise à disposition de stationnements sûrs et abrités dans les gares (45,7 %), l’aménagement systématiquement de garages à vélos sûrs et accessibles dans les immeubles (36,3 %). Mais ça, c’était il y a huit ans.
Et même lâcher les freins, pour prendre de la vitesse.
Dans une autre étude menée en 2022, réalisée par AG2R LA MONDIALE et l’UNION Sport & Cycle, on lit que le vélo est considéré comme une tendance durable (72%), l’avenir des déplacements du quotidien (67%) et une solution crédible pour préserver l’environnement (65%). Comme aussi dans cette même étude on peut constater que déjà 8% des Français déclarent se rendre en vélo à leur travail au moins une fois par semaine, et que ces trajets de “vélotaf”(3) durent en moyenne 23 minutes pour 6 kilomètres. 4% des Français déclarent aussi avoir fait récemment un voyage à vélo, notamment dans les Pays de la Loire, et surtout en couple.
Pourtant, si le vélo a le vent en poupe auprès des Français, ils semblent encore percevoir de nombreux freins à la démocratisation de sa pratique dont le risque de vol (77%), le manque d’infrastructures cyclables (32%) et le fait de ne pas se sentir en sécurité en faisant du vélo en ville (31%). C’est pourquoi, 28% des sondés estiment que les villes devraient mettre à disposition plus de pistes cyclables et des stationnements adaptés et sécurisés (21%).
Lu le 31 juillet 2023 dans le magazine 37° : « En 2022, la fréquentation de la Loire à Vélo a bondi de 14% par rapport à l’année 2021 et de 22% comparé à 2019, avant l’épisode Covid. »