Il n’y a pas si longtemps, nous publions sur facebook quelques photos d’une réalisation de Ricardo Bofill que nous avions titré : Lorsque l’architecte Ricardo Bofill transforme une usine à béton en palais, au cœur d’une oasis. Oui, mais un de nos lecteurs commentait : “la rénovation du béton en quelque chose d’indiscutablement novateur et d’une certaine beauté architecturale n’aurait-elle pas pour conséquence insidieuse de revaloriser cette filière particulièrement anti eco-friendly ?” Il ajoutait que le même jour il évoquait auprès de spécialistes, “ l’intérêt des constructions de pailles qui paraissent tant séduisantes, mais qui hélas sont trop rapidement reléguée au rang du c’est compliqué”. Construire en paille, l’idée n’est pourtant pas nouvelle. C’est même une idée qui, venue de France en 1920, est aujourd’hui connue et même reconnue dans le monde entier.
Alors, pour mieux vous raconter, nous avons ré-ouvert les pages du n°56 de La science et la vie qui avait en 1921 suscité la curiosité de Gustave Lamache, journaliste scientifique au magazine et qui avait titré : Fraiches en été, chaudes en hiver, les maisons de paille sont avant tout économiques. Aujourd’hui, quelques quatre-vingt-quinze ans plus tard, la maison Feuillette est encore “une réalité visible et palpable” au moins pour les habitants de Montargis qui possèdent l’un des exemplaires construits en France.
Une maison qui avait déjà en 1923 une forte réputation dans le monde ; son système constructif avait déjà fait l’objet d’un dépôt de brevet aux États-Unis la même année, et dont Gustave Lamache faisait la promotion en écrivant : “La possibilité de produire en grande série, en usine, tous les potelets, fermes et autres éléments de la charpente rigoureusement standardisés assure d’abord un prix de revient extrêmement avantageux et ensuite la possibilité de construire dans des délais très courts sans être obligé de recourir à une main-d’œuvre particulièrement experte (…) Des murs qui forment un ensemble élastique et léger permettant de monter la construction sur des fondations peu profondes. Un matelas d’air diffusé entre les brins de paille peu comprimés qui assurent un isolement des plus rigoureux…” Qui déjà rappelait donc des qualités qui de nos jours devraient pourtant bien nous interpeller.