C’est en 2017 que l’aventure a commencé, lorsque Nelly MONNIER & Éric TABUCHI décident de documenter « l’architecture vernaculaire française » (mais pas seulement) et à représenter toutes les nuances de ses territoires. En ressortait déjà fin 2020 plus de 12 000 images, alors qu’il y avait tant d’extraits de territoires encore à collecter.
Et ce qui est remarquable dans ce travail qui rejoint celui d’autres artistes, de photographes, d’architectes… c’est qu’il se construit dans une pratique quotidienne et constante de collecte ; peut-être parce que nous passons du XXe au XXIe siècle, nous avons envie d’enregistrer des paysages, des architectures, pour « retenir ». Des paysages s’échappent, disparaissent, se transforment pour de nombreuses raisons, alors peut-être, avons-nous peur d’oublier…
Les Archives-ARN, c’est bien plus qu’un outil GPS
Alors, plutôt que de forcer le trait sur l’intérêt artistique qui existe évidemment, j’ai préféré aller directement sur le site archive-arn.fr et cliquer sur « peintures publicitaires » sans aucune autre entrée comme “la région naturelle”, “la saison”, “l’année de la prise de vue”, “le cadrage de la prise de vue” ou bien d’autres “cliques” encore, puisque je l’ai dit, l’Atlas des Régions Naturelles est une collection mise à jour au rythme des découvertes, mais aussi consultable par de multiples entrées simples ou composées.
Les Archives-ARN, c’est une machine à remonter le temps
Ainsi, très rapidement, après avoir préalablement découvert et testé l’outil – qui m’est immédiatement devenu précieux – je cherche à remonter le temps ; à retrouver les traces de ces publicités peintes sur les murs qu’on fréquentait quotidiennement dans mon enfance et mon adolescence. Et joie, je constate alors que n’aurai pas besoin de parcourir la France pour photographier ces traces d’écritures publicitaires, vestiges des « Trente Glorieuses » ; ces publicités peintes sur les murs des maisons, des ateliers d’artisans et des bâtiments agricoles qui, dans les années 50, 60 et 70 encore, paraissaient même utiles à la vie des automobilistes et des touristes ; à chaque voyage elles étaient en bord de route affichées sur les pignons des maisons de façon aléatoire. Et à l’entrée des villes, dans les campagnes même, dès qu’une dépendance se trouvait en bordure de la route, apparaissait VITTEL, GASTROL MOTOR OIL, CAFÉS RICHARD, SUZE, HÔTEL-RESTAURANT LE CHEVAL BLANC, UNIC, COGNAC MARTELL, ELF, CAMPING …, CHOCOLAT MÉNIER, KRONEMBOURG, DUBONNET,LIBRE SERVICE, RENAULT, PEUGEOT, SIMCA, CITROËN (et bien d’autres marques encore), mais aussi l’indication pour un café, une curiosité ou quelques informations à retenir d’urgence comme : STOP ! ICI BRASSERIE FRITTES FRAICHES…
Les Archives-ARN, sont déjà des synopsis
Ces peintures étaient peintes à la main par des artisans ; j’en connaissais même un qui me racontait un jour comment, grimpé sur son échelle installée sur son pick-up Peugeot, il réalisait ces œuvres commandées, à l’œil et le plus rapidement possible, puisqu’il était payé à la tâche après la prise d’une photographie pour preuve de la réalisation du travail. Une de ces publicité m’est restée en mémoire ; il y avait peint sur le mur une belle automobile de luxe avec à côté, debout, le père, la mère, les deux enfants et un chien, une bouteille de Cointreau, accompagné du texte : « Une bonne recommandation, ne prenez jamais la route aussitôt après un bon repas sans un petit verre de COINTREAU – Liqueur ».
Eh oui, les Archives-ARN, c’est toute une époque que je voulais consigner ; Éric Tabuchi & Nelly Monnier l’ont fait. Alors quoi vous dire d’autre ? Ah oui ! (Et ça, je l’ai lu dans The Gardian) Et il ne fallait surtout pas le taire : [Éric Tabuchi & Nelly Monnier] ont entrepris de capturer la France oubliée.
Juste une chose encore : entrez tout de suite sur le site : https://www.archive-arn.fr/
Les photos de l’article : Éric Tabuchi