Le sujet est des plus ordinaires – et c’est bien dommage qu’il en soit ainsi. Le modernisme doit passer, il passera donc. Aussi, c’est aujourd’hui d’une manière bien décidée que j’aimerais faire entendre cette idée qu’il y aurait dans l’organisation d’une ville des “pièces d’urbanisme” qui structurent son histoire, qui la racontent, et qui seraient en quelque sorte des allégories de cette ville que l’on aimerait laisser voir. Je parle d’un mail qui, devenu boulevard, laisse maintenant la place au tram ; je profite d’un projet urbain qui vient d’être voté en novembre pour rappeler que la ville est sensible.
Oui, effacer cette écriture passée n’a en réalité pas de réelle importance ; quoique… il y a des écritures qu’on ne devrait pas pouvoir effacer sans mesure aucune de cette histoire ancienne racontée ; et comme Idéfix, l’adorable compagnon d’Obélix, je suis bien triste lorsque certains vieux arbres sont abattus sans juste raison.
D’un jeu de mail à un maillage urbain
Dans ce premier réflexe, qui est d’interroger, je ne sais ce quoi dans cette affaire doit l’emporter. Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui ce boulevard est une rambla bordée d’arbres et ombragée ; et qu’en quelque sorte, le boulevard Béranger serait donc un mail qui ne serait pas réservé au “jeu de mail”, ce vieux jeu, ancêtre du golf, pratiqué en France dès le Moyen-Âge et qu’on appelle “pall-mall” en Angleterre. Ce que je lis aussi, c’est que le percement de ce boulevard était déjà imaginé à l’emplacement du mail, prévu dans le plan de Tours présenté par Jean-Bernard-Abraham Jacquemin vers 1810. Question de vocabulaire.
Le demain d’un boulevard
Alors dans l’état, ce qui me gêne, c’est tout bonnement que certains élus n’aient pas pris part au vote, que d’autres se soient abstenus ; qu’il ait été avancé par certains conseillers que les documents présentés seraient trop légers pour débattre sérieusement ; et enfin qu’il n’y aurait eu aucune étude d’impact réalisée concernant les arbres du Boulevard Béranger. Aussi, je m’oppose à cette façon de faire qui ne profite pas à la ville de Tours ; je m’oppose à ce projet qui nous est “vendu” comme une “réduction en douceur de la place de la voiture en ville”. Un argument, qui parait pourtant irréfutable. D’autant que le maire de Tours, Christophe Bouchet, ajoute que “demain ce sera une des plus belles avenues de Tours”.
Dans l’environnement apaisé de la capitale du jardin de la France
Et je m’oppose donc à cette façon de faire, même si le maire a réaffirmé que seuls les 35 arbres en double rangée seront impactés – alors qu’il aurait fallu supprimer 60 arbres si l’autre projet avait été retenu (le passage de la deuxième ligne de tramway par le boulevard Royer) ; que “le marché aux fleurs aura plus de place, dans un environnement plus apaisé, avec moins de circulation. [Et que] Celui-ci va au contraire s’embellir et se développer. En qualité de capitale du jardin de la France, nous allons améliorer ce marché pour en faire un symbole de la ville.”
Les arbres font partie du marqueur de ce boulevard
Parce qu’il y a tout de même un hic. En effet, comment faire pour respecter cette simple formule : “Nous en profitons pour élargir le mail central”, ou pour le moins respecter cette idée de la première adjointe, Marion Nicolay-Cabanne, que “les arbres font partie du marqueur de ce boulevard” ; même si elle ajoute : “Nous sommes inquiets de l’impact du tramway. Nous allons lancer une nouvelle étude technique pour voir où faire passer le tramway pour ne pas impacter les arbres. Notre volonté est de les conserver pour garder toute la majesté de ce boulevard” ; oui, comment pouvons-nous faire cela ? C’est la question qui reste en suspens ; elle attend la réponse qui très certainement ne viendra pas.
La ville de Tours a donc décidé. Espérons maintenant que les élus de Tours Métropole réaliseront de réelles études et de suffisantes observations, pour que cette artère redevienne “la plus belle avenue de Tours” selon les propos du maire de la ville.
Illustration à la une : Alors, le marché aux fleurs aura plus de place, dans un environnement plus apaisé, avec moins de circulation – Un document du cabinet d’architectures Richez Associés / conception de l’image Franck Rive
Autres photos : Gaspar Païva et Frank Lavenu
Cher Xavier, soit ! tu penses aux arbres oui, mais quel va être l’impact sur les bâtiments du côté où va être implanté la ligne du tram.
Le tram quand il passe provoque des vibrations qui forcément vont ce répercuter sur les bâtiments et leurs caves.