Le réchauffement climatique aurait-il étouffé la chaleur humaine ?
Le XXème siècle a été la protohistoire de l’âge numérique, cette ère contemporaine qui condamne notre espèce à la solitude onanique. Aujourd’hui, smartphones et autres tablettes limitent les sensations du toucher à la froide platitude des écrans. Ils nous contraignent à des relations virtuelles, sans odeurs de dessous de bras ou d’entrejambe humide. Adieu les flirts furtifs des surboums à vinyles. Fini les amours de sortie de boîte. Exit les balloches d’après-guerre aux effluves entêtantes. Les échanges entre citoyens sont circonscrits aux surfaces commerciales, aux vide-greniers de quartier ou autres brocantes de village. L’internet est devenu le grand rendez-vous des oubliés et des nouveaux agoraphobes.
Quand j’ai découvert l’émission de télé Mariés au premier regard, je n’ai pas été surpris. Présentée comme scientifique, c’est l’expérience de mariages volontaires unissant des personnes qui ne se sont jamais rencontrées, celles-ci ayant été sélectionnées puis désignées comme compatibles à partir de tests socio psychologiques. Voilà l’exacerbation du principe des sites de rencontre, avec garantie de bonne fin. La question se pose : Est-ce la recherche d’un remède à la multiplication constatée des divorces ou au contraire un nouveau jeu de rôles aux fins de sensations fortes ? On nous montre les préparatifs de l’évènement pour chaque couple. Le rapprochement des familles concernées est brutal. Si bien qu’au cours de la cérémonie à la mairie, s’installe une dynamique qui interagit sur les candidats. L’épreuve initiée devient alors un phénomène de groupe dont la pression ajoute à l’angoisse générale. L’émission-vérité pourrait susciter une sincère curiosité mais la production se laisse aller aux manipulations habituelles du montage pour une recherche du spectaculaire. Quoi qu’il en soit, rassurons-nous, le résultat est plutôt un échec. Sur les quatre couples sélectionnés scientifiquement et censés réussir un destin commun, aucun n’a réellement abouti à une vie conjugale pérenne.
Le côté régulation du mariage me rappelle un bouquin que j’ai lu il y a déjà bien longtemps, Le Meilleur des mondes. Présenté comme visionnaire au lycéen que j’étais, à l’époque du 22 à Asnières et de la pointe Bic, l’auteur A. Huxley y décrit une société à l’apparence démocratique, qui perdure grâce à la consommation et au divertissement imposés à ses membres. Une organisation sociale en castes, hiérarchisée et esclavagiste. Un système de conditionnement permanent des populations stabilisées par la morale dominante.
Méfions nous !