Photos extraites de l’album “Démolitions” réalisé par Thomas Cheneseau (2014-2015)
Prises au smartphone, les photographies, que Thomas Cheneseau poste régulièrement sur Facebook en 2015, sont les “photo-scopies” d’un bouleversement historique d’un paysage urbain. Elles enregistrent les derniers moments d’une existence, celle d’un grand magasin de Poitiers qui bientôt ne sera plus.
Il n’y a pas dans ces images de regret. Il ne s’agit pas non plus d’illustrations pour un sujet qu’il aurait fallu inscrire à la Une. Ces images sont initialement conséquence d’un choc, de la surprise d’un observateur. Le photographe aurait pu prendre un premier cliché et suivre son chemin. Mais, il est entré dans l’acte de démolir pour que le souvenir de la démolition reste plus fort.
Par l’importance du choc urbain, l’immeuble est pulvérisé. Ce sont alors des éclats d’immeuble que Thomas Cheneseau organise. De ses photos, une dé-pixellisation s’active, naissent aussi des polyèdres qui réfléchissent l’événement. Ils sont chargés de négatif et de positif. Au pied, instantanément, un nouvel édifice alternatif se construit. Il est le résultat d’un arrangement systématique des particules de l’immeuble. Constitué de verre, de béton, d’acier et autres gravats, il est de matière cristalline, pourtant fragile. Il conserve les caractères d’un ADN commun.