Le récit architectural n’est pas qu’une simple notice paysagère où l’on pourrait gommer quelques phrases sans en dénaturer le sens. Il y a dans ce récit, l’évocation de souvenirs, de traces que l’on donne à lire en mémoire, mais qu’aussi on projette dans notre présent en rappel. Il y a aussi dans sa narration, la présentation de l’architecture que l’on veut présenter. Cela se traduit par la mise en œuvre de volumes, de formes, de matières… C’est tout un vocabulaire auquel s’ajoute une ponctuation. Il ne peut être alors question de réduire l’écriture architecturale à une simple règle normative, à l’expression du communément acceptable. C’est ce que rappelait l’architecte Rudy Ricciotti lorsqu’il écrivait : “Si l’on a perdu les mots, on a perdu les signes associés. Et avec ses signes, les savoir-faire, ce qui fait de nous des analphabètes de l’art de construire.” Le détail n’est pas qu’un élément d’un ensemble. Il est imaginé pour mieux faire ressortir une idée. Il n’est pas rien. Il participe à la suggestion architecturale.
Oui, l’œuvre architecturale devrait exprimer une histoire et une façon d’habiter. C’est ainsi que je l’entends. Des compromis ? Quels compromis ? Ne pourrions-nous pas aussi interdire à certains architectes de construire ? En l’état, c’est une bien étrange histoire, que celle de devoir construire des volumes sans éloquence dans des espaces lisses, des constructions qui s’effaceront de notre mémoire pour n’avoir rien su nous dire.