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Le plasticien Edoardo Tresoldi tresse le souvenir d’une basilique

Edoardo Tresoldi a 28 ans. Il est de Cambiago, une commune de la province de Milan et est considéré comme l’un des talents de l’art de rue italien. Après la sculpture, il en vient à travailler directement l’espace. De ses treillis soudés, il crée des architectures qui sont lien entre le ciel et la terre. En 2016, Il fait revivre dans le sud de l’Italie, la basilique Santa Maria Maggiore di Siponto qui était restée ruinée depuis le XIIIème siècle.

Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-6[1]4 500 mètres carrés de treillis soudé, un poids de 7 tonnes, une structure haute de 15 mètres et 3 mois de travail pour l’équipe de jeunes architectes et d’ingénieurs chargés du projet. C’est aussi un pertinent projet qui va changer radicalement la perception d’un site historique majeur.  Dans son tissage de fil de fer, de ses treillis tressés, Edoardo Tresoldi crée une architecture transparente en rappel d’un tremblement de terre. Dans la magie de l’illusion, il montre l’édifice au-delà de ses murs tout en éclairant les traces d’une basilique paléochrétienne en vestige.

Tout en brisant la ligne de temps

Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-5[1]Lorsqu’on lui parle de son œuvre, Edoardo Tresoldi retient qu’il n’a pas été appelé pour reconstruire la basilique. “Au départ, pour le ministère de la culture, il s’agissait de créer une couverture pour protéger une très ancienne mosaïque chrétienne. Le projet a évolué plusieurs fois, jusqu’à ce que l’architecte Francesco Longobardi voit mon travail et ma pensée” (1). Il sera soutenu par le surintendant archéologue Luigi La Rocca. C’est à ce moment que le projet prend forme et que l’idée a été de composer une installation contemporaine qui dialogue avec le passé. “S’en est suivi mon projet qui était de reconstituer exactement les dimensions de la Basilique de Siponto, tout en brisant la ligne de temps et ce, sans véritables obstacles pour l’observateur. J’ai aussi créé un rapport entre la basilique, les variations lumineuses et ses environs. En résultat la basilique est bien là. Savoir comment sera son avenir reste quelque chose de très intéressant à imaginer” (1).

Il y a une ligne fine entre le ciel et la mer

Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-8[1]Par l’arrangement de ses lignes, l’artiste raconte l’histoire, recompose la basilique. Il ajoute une suggestion, un lien. Les volumes qu’il reconstruit sont en continuation, en synthèse. Edoardo Tresoldi l’exprime :  » Il y a une ligne fine entre le ciel et la mer, qui donne accès à notre vie dans le monde des pensées. Elle est la ligne d’horizon, la forme et l’histoire de la relation entre l’homme et l’espace.” (1) En filigrane, Edoardo Tresoldi crée un dialogue entre une histoire humaine et l’espace. Ce qu’il aime, c’est observer ses sculptures dans un beau paysage au coucher du soleil. Pour lui, il y a une évidente relation entre sa sculpture et la luminosité du couchant. C’est lors d’un instant précis que l’effet est plus fort et plus charmant. Il réveille en quelque sorte le reflet du lieu, sa “survivance”.

Une reconnexion des distances temporelles

Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-4[1]Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-2[1]Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-3[1]Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-9[1]Linstallazione-di-Edoardo-Tresoldi-per-la-Basilica-paleocristiana-di-Siponto-©-Giacomo-Pepe-7[1]“Le projet de Siponto , souligne Francesco Longobardi, veut reconnecter les distances temporelles, en ajoutant une stratigraphie immatérielle qui restitue la vue architecturale d’une basilique paléochrétienne oubliée pendant des siècles. L’installation contemporaine suggère la forme, le contour, la spatialité.” Le résultat nous aide à mieux entrer en relation avec l’identité du lieu.

  • L’inauguration a eu lieu les 11 et 12 mars 2016 en présence de John Campbell de l’Université de Rome (La Sapienza) et de Margherita Guccione, directrice du MAXXI de Rome.
  • (1) Avec quelques passages traduits de l’italien et extraits d’un article de Luca Pakarov (L’impressionnante sculpture transparente d’Edoardo Tresoldi) publié en janvier 2016 par www.dailybest.it

 

Avec les photos du photographe italien Giacomo Pepe (qu’il ne faut pas hésiter à découvrir)

Né à Bari en Italie, Giacomo Pepe est ingénieur, spécialisé dans la restauration et la consolidation des monuments historiques. Dans le cadre de son travail, il est constamment en voyage et photographie tout ce qui dans son quotidien révèle une émotion. Lors de l’exposition d’attivovarie, il devient membre “dell’Associazione Fotografi di Strada” (une association de photographes de rues). Certaines de ses photos ont même été publiées dans des revues professionnelles.

https://www.flickr.com/photos/fotojack/

 

L'auteur : Xavier Guillon

Rédacteur en chef et en os et profiteur d’espaces, il aime l’urbain et le crie haut et fort. En secret, il rêve de nature et prend régulièrement les chemins vicinaux.

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