Du 20 octobre au 22 octobre 2017, le salon ART Shopping célèbre au Carrousel du Louvre la 21ème édition du rendez-vous international de l’art contemporain accessible. Mais cette année surtout, le salon ART Shopping dédie un espace à la photographie où une trentaine d’artistes présenteront leurs travaux originaux. C’est [PHOTO Shopping], le rendez-vous des photographes et amateurs de photos. Une occasion de découvrir ou de redécouvrir des artistes émergents, mais aussi des artistes confirmés comme Alexis Manchion et bien d’autres.
Une occasion aussi, pour la rédaction de ZoneFranche.media, de vous présenter Colors, l’une des ressentes séries de l’artiste, et particulièrement d’évoquer son travail.
La photographie, un marqueur de temps
En 2010, le photographe Alexis Manchion rejoint le collectif BLBC, un groupe d’artistes parisiens qui avait alors pour projet d’interroger les effets d’architecture, le dialogue entre formes et couleurs. Mais aujourd’hui, Alexis Manchion va plus loin qu’une simple interrogation, puisqu’il considère la photographie comme “un marqueur de temps”, l’illustration d’un moment donné qui doit être saisi. Plus encore, c’est d’abord une analyse de l’environnement de l’être humain, de son espace, qu’il exprime. Avec sa chambre noire, il transforme en “portraits” des morceaux de paysages, des minéraux, des végétaux… Mais ça ne suffit pas. Le photographe ajoute à cela une façon de regarder, qu’il décompose en trois phases : l’approche documentaire dans le strict respect des verticalités et des volumes, la transformation de l’image prise en une masse extraite, et enfin la saisie de l’instant décisif, cet arrêt sur image qui lui permet de dématérialiser les objets qu’il photographie.
L’exploration de la déstructuration de l’image
Il focalise sur… mais surtout rappelle : “mon travail propose différents degrés de lecture. Partant d’une image dite classique sans artifice jusqu’à l’exploration de sa déstructuration”. Nous nous sommes rencontrés la première fois lors d’un concours des métiers d’art à Blois (la ville où il habite). Il travaillait à la composition de sa série Rotten, un projet de “natures mortes” débuté en 2015, qui dans les termes de l’artiste “propose une vision putréfiée d’une société de consommation…” Déjà, il conjuguait les techniques de l’argentique et du numérique, il expérimentait la fusion entre “la matérialité” de l’argentique et “l’effet d’image-surface” de la photographie numérique. Au début de l’année 2016, après avoir présenté images fades (2015), le collectif BLBC présente à la galerie Jed Voras l’exposition Images fluides, afin de questionner, au travers de la démarche de neuf artistes, la matérialité et la liquidité de l’image photographique, à l’heure même où le numérique semble porter un coup fatal à cette matérialité. Alexis Manchion en est. Puis en 2017 en Arles, pour les rencontres photographiques, l’artiste expose Photographique absurdité.
La ville est une immense charte colorimétrique
Alors quoi vous dire ! Quand j’ai découvert la série Colors d’Alexis Manchion, j’ai tout de suite aimé cette idée qui insiste sur l’esthétique et la poétique de la coloration dans l’architecture… Sur le liant entre intégration et contraste du construit dans le paysage et son environnement immédiat. J’ai aimé cette façon – en reprenant les termes d’Anne Turpin-Hutter du collectif BLBC – de “découvrir une ville lisse, déshumanisée, une cité sublimée par la vivacité de la colorimétrie, une urbanité qui se construit dans la dualité, la confrontation d’un paysage nu et d’un détail extrait (…) [j’ai aimé] ses carrés de couleurs [qui] résument l’espace urbain, ses architectures, les complexités de ses teintes. Brutalement, par l’extraction d’une couleur dominante, le photographe incite à nous échapper de la simple vue urbaine (…) Alexis Manchion se joue de l’ensemble pour ne garder que la couleur, source de lumière, et la contenir pour nous l’exposer”. Mais tous ces mots ne sont que des mots de regardeurs. Que nous dit le photographe ? “Ma série colors est une obstination chronique, la recherche de l’élément coloré présent. À mes yeux, la ville est une immense charte colorimétrique que je dois simplifier à l’extrême (le ou les carrés) jusqu’à dépasser l’idée d’image documentaire… je propose deux lectures dans un espace blanc, non pas en opposition mais comme si elles étaient repliées l’une sur l’autre”.
Aujourd’hui Alexis expose dans de grandes villes de France et d’Europe. Nous avons pu découvrir son travail à Paris, Dieppe, Amsterdam, Arles, Saint-Pierre-des-Corps (Tours Métropole Val de Loire) et bien d’autres villes encore… Il est maintenant au salon ART Shopping à Paris. Allez voir…
Avec les photos d’Alexis Manchion