Accueil > Instantanés > Les Monovisions de Bernd et Hilla Becher

Les Monovisions de Bernd et Hilla Becher

Certaines “démarches systématiques” demandent qu’on s’arrête, d’autant lorsque ce sont des typologies enregistrées pour être retenues, comme celles photographiées par Bernd et Hilla Becher selon un protocole précis et par séries de 6 à 24 images.

La fascination de Bernd Becher pour l’architecture industrielle est d’abord affective ; elle provient d’une filiation d’ouvriers, qui ont vécu parmi, par et pour le travail en usine dans la Rhur. Hilla Becher, née Wobeser, est née à Potsdam près de Berlin ; elle a une formation de photographe et tient le laboratoire photographique de Düsseldorf. Tous deux habitent dans la ville de Düsseldorf, se rencontrent en 1959 et travaillent très vite ensemble. Leurs premières photographies immortalisent les mines et maisons ouvrières de Siegen, berceau de l’acier en Allemagne. C’est le début de cinquante ans de carrière commune, qui donneront naissance à plus de 16 000 photographies.

À partir de 1959, la démarche de Bernd et Hilla Becher consiste à établir un inventaire rigoureux et systématique du bâti industriel en photographiant des ensembles (usines, mines, haut-fourneaux, chevalements de mines…) menacés d’obsolescence et souvent à l’abandon (principalement en Allemagne, plus largement en Europe, mais aussi aux États-Unis), avec une dimension documentaire. Ils procèdent selon une démarche scientifique dans le sens où tous leurs clichés sont classés et archivés selon la localisation géographique (Allemagne, Belgique, États-Unis…) ou les fonctionnalités (châteaux d’eau, silos, gazomètres, hauts-fourneaux…) des bâtiments photographiés.

Pour donner à leurs photos ce caractère de documentaire “objectif”, elles sont toutes prises selon le même protocole immuable : une lumière neutre (ciel couvert) et chaque photo d’une même série est composée de manière identique (angle de vue et cadrage). Il faut ajouter à cela l’utilisation du noir et blanc, d’un téléobjectif pour éviter les déformations et d’une chambre Linhof 8×10, ainsi qu’une présentation spécifique des œuvres (photo sous marie-louise blanche et cadre en plastique blanc), conservées au cours des années.

Une caractéristique esthétique prédomine : les constructions photographiées apparaissent comme des formes géométriques ou tortueuses qui se répètent au long des séries. Ce phénomène de sérialité est caractéristique de la syntaxe photo-conceptuelle qu’ils mettent en pratique dans leur œuvre. Les photographies parfaitement neutres isolent ainsi l’infrastructure. On peut alors comparer les variations formelles entre les bâtiments photographiés, désignés comme des “sculptures anonymes”, selon le titre de leur premier ouvrage publié en 1970.

(Source : Wikipédia)

L'auteur : La rédaction

Les rédacteurs et photographes du magazine écrivent des paysages et des horizons.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *