Les petits déplacements du photographe Dominique Bordier

#petitsdéplacements, c’est le moyen trouvé par Dominique Bordier, un photographe et rédacteur de presse, pour mieux marcher…  et surtout pour bien “marquer” ses petits déplacements quotidiens. Chaque jour il cadre de nouvelles images, et je crois même savoir qu’au moment où nous publions un extrait de son album, il y aurait 1786 petits déplacements collectionnés ; des petits déplacements qui sont aussi en quelque sorte des petits timbres destinés à rendre spécifiques des sonorités urbaines prises en chemin.

Lorsqu’on lui demande pourquoi ces #petitsdéplacements, Dominique Bordier répond : “j’entreprends d’utiliser mon temps intermédiaire, celui des déplacements souvent pédestres entre la rédaction et le lieu de mes sujets, à produire un fil d’images détachées de l’actualité. Je choisis sur Instagram le bord noir, pour jouer sur le simulacre du plein cadre professionnel, version école française, et je photographie ce qui touche mon œil, dans de petits déplacements qui engagent de légers débordements de cadrage, de symbolique, de références picturales, d’associations, de compléments… Il ne me faut guère de temps pour reprendre et intégrer mes séries anciennes comme les photos en voiture qui photographient le mouvement, les photos d’eau, de gens qui photographient, et comme le naturel revient vite au galop, d’une forme de reportage quand je m’éloigne un peu de mes bases. Et puis, plus petit déplacement physique mais sacré déplacement métaphorique, je photographie les films que j’aime quand ils passent à la TV en gardant toujours un bout de l’écran pour ne pas voler l’image mais en faire quelque chose de l’ordre de l’hommage.

Mais tout ça n’est rien sans la finalité de cette accumulation : faire en sorte de créer du (des) sens nouveaux en proposant l’association d’images comme de petits synopsis. [C’est mon plus beau reportage], réaliser des expositions de mes #petitsdéplacements où les tirages des photos sont encadrés et librement associés par les visiteurs eux-mêmes en les invitant à déplacer les cadres pour créer des voisinages qui donnent du sens à leurs yeux. Il y a des formes en bois de bricolage avec des clous préinstallés qui permettent ces changements rapides, ludiques et pas très éloignés d’un travail analytique… Tout ça me réjouit beaucoup, tout en me questionnant.”

Et voilà l’histoire de ces #petisdéplacements que nous aimerions nous aussi, à notre guise, mettre en cadre… lors d’une expo à venir.

Propos recueillis par Xavier Guillon le 21 août 2018

L’album : extrait de #petisdéplacements de Dominique Bordier