Né en 1924, Michel Ragon se consacre à l’activité littéraire et à la critique d’art à partir en 1948. Après son engagement en faveur de l’abstraction lyrique, il s’intéresse dès 1956 à l’architecture et, parallèlement à son intense activité de critique, fonde en 1965 le GIAP (Groupe International d’Architecture Prospective).
De sa passion pour la ville moderne et la démocratisation de l’architecture, il publie son premier livre manifeste « Où vivrons-nous demain ? » en 1963 aux Editions Robert Laffont. Un livre qui marque le début de son activité militante pour une architecture prospective.
Nous retenons un autre livre de Michel Ragon : « L’homme et les villes »
« Confronter l’homme et les villes, c’est s’apercevoir que l’homme n’a cessé d’être fasciné par les villes, utopiques lieux de toutes les libertés mais qu’en même temps ces cités sont l’émanation d’un pouvoir qui devient vite tyrannie. Produit de l’Histoire et lieux où se fait l’Histoire, les villes sont à la fois le territoire de l’aliénation et de la permissivité. De Sumer aux rêves des futurologues, chaque chapitre de ce livre représente une étape dans l’analyse des grands phénomènes idéologiques que reflètent symboliquement les cités dans la forme de leurs architectures comme dans le dessin de leurs plans.
Toutes les villes, depuis les premières nées il y a cinq mille ans en Mésopotamie, et dont il ne reste que des ruines, jusqu’à nos villes neuves nées de l’industrie et du commerce, ont suscité tour à tour l’espoir, le dégoût et la haine. Peut-être cela provient-il seulement de ce qu’elles restent toujours un mirage. La ville pétrifie des rêves, incarne des idées, concrétise des fantasmes collectifs. Son instabilité est aussi gage de sa vitalité. Sans cesse la ville bouge, se transforme, se métamorphose. Rien ne ressemble plus à un être vivant que ce corps de pierre. »
Editeur : Albin Michel / 1998