Photos de Robert Doisneau – Texte de Claude Eveno
En 1984-1985, Robert Doisneau (1912-1994) participe à l’aventure mythique de la Mission photographique de la Datar. En utilisant une chambre au format 6 x 7 et en travaillant pour la première fois en couleur, le photographe bouleverse ses habitudes pour arpenter une nouvelle fois la banlieue parisienne, son territoire d’élection. Restées jusqu’alors inédites, ces images surprennent par le regard plasticien, teinté d’ironie et de désenchantement, que le photographe porte sur les débordements urbains des années 1980.
Celui qui a rédigé les textes de l’ouvrage, Claude Eveno, est cinéaste, urbaniste et écrivain. Il a fondé et dirigé la revue des Cahiers du centre de création industrielle au Centre Pompidou. Il a enseigné au département d’urbanisme de l’université Paris VIII et à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. Il a également été conseiller des programmes de France-Culture et directeur des Etudes à l’Ecole nationale supérieure de création industrielle. Il est l’auteur de nombreux ouvrages (dont certains parus chez Christian Bourgois comme : Revoir Paris (2017), L’Humeur paysagère (2015).
Le livre
La banlieue en couleur est un livre attendu par tous ceux qui connaissent Robert Doisneau et qui l’aiment. Pour tous ceux qui ont vécu dans les quartiers populaires, Robert Doisneau fait un peu parti de la famille. Ce livre sur le travail de Robert Doisneau réalisé dans les années 80 est un livre inattendu parce qu’il ne comprend que des photos en couleurs, alors qu’il a très peu utilisé ce procédé. Pourtant, c’est bien dans les années 84 et 85 que ces photos sont prises, lorsque l’Etat par le biais de la délégation de l’aménagement du territoire lance une grande campagne photographique sur le paysage (la mission photographique). C’est la richesse paysagère que la Datar (délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) voulait explorer en demandant à une trentaine de photographes de photographier un territoire et en leur donnant carte blanche pour le choix de celui-ci. Robert Doisneau profite de cette liberté pour revenir dans la banlieue et la photographier en couleurs. Surtout, il choisit de revenir sur des lieux qu’il avait explorés quarante ans plus tôt (au lendemain de la guerre), des lieux pour Doisneau habités par la joie de vivre ; et puis d’aller plus loin, de re-photographier ses quartiers des années 80. Là, il remarque surtout une sorte d’inhabitation des territoires et même s’il comprend la valeur esthétique des architectures contemporaine (que la couleur peut magnifier), il ne peut photographier que des rues vides.
Édition : La Découverte- 2017
Écouter la présentation de Claude Eveno sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=l1kHqIFsLVA