“Faire une photo, c’est à la fois chercher un contact et le refuser, être en même temps le plus là et le moins là.” C’est sans aucun doute, la proposition du photographe belge Harry Gruyaert la plus juste, ou pour le moins la plus représentative de son travail. Alors cette idée d’album composé de clichés américains et soviétiques… C’était pour le photographe l’évidente construction à proposer.
L’avis de l’éditeur
Membre depuis 1981 de l’agence Magnum, Harry Gruyaert aime avant tout capter la subtilité de la lumière et la force des couleurs aussi différentes soient elles.
Utilisant quasi-exclusivement de la pellicule Kodachrome — film inversible couleur apparu en 1935 se distinguant par ses couleurs très vives et contrastées en raison de l’utilisation de la trichromie — jusqu’à l’arrêt de sa production par Kodak en 2009, Gruyaert s’est révélé un maître en la matière, dont le travail a contribué à prouver que la photographie couleur était loin d’être une facilité ou “le fard dont on peint les cadavres”, pour reprendre une formule de Roland Barthes, également citée en préface. Avec lui, les couleurs les plus vives ou, à l’inverse, les plus ternes, se parent d’une infinité de nuances, qui sont d’autant mieux mises en valeur par son travail frappant sur la construction, qui lui permet de jouer sur les contrastes.
East/West permet de rendre hommage à son art et d’en saisir la mesure à travers deux volumes consacrés à deux pays aussi éloignés que possible, aussi bien politiquement que par leurs paysages.
Clinquantes et vibrantes à Los Angeles et Las Vegas en 1981, sourdes et étranges à Moscou en 1989… Alors que le monde était encore divisé en deux blocs étanches, Harry Gruyaert a capté les lumières de chacun de ces deux univers et révèle ici une étonnante archive : celle des couleurs de l’Histoire.
Le coffret East West » édité par Textuel nous livre une étonnante archive : celle des couleurs de l’Histoire.
Un commentaire dans la presse
“ S’il n’a jamais eu la volonté de livrer un commentaire politique ou critique des pays sur lesquels il a fixé son objectif, écrit Cécile Desbrun dans Culturellement Vôtre lors de la sortie de l’ouvrage, Harry Gruyaert a sans conteste un œil incroyablement aiguisé qui lui a permis de saisir avec une véritable finesse ces villes aux climats et situations fort différentes. Qu’il s’attache à Moscou peu de temps avant la chute de l’URSS ou à l’Amérique de l’ère Reagan, le photographe belge saisit aussi bien l’imaginaire rattaché à ces lieux que leur réalité sociale au moment des prises de vue, avec une maîtrise de la couleur et de la composition tout à fait remarquable”.
East / West – Harry Gruyaert – éditions Textuel – Octobre 2017