Rédigé sous la direction de Miguel Egaña et Olivier Schefer, Esthétique des ruines rassemble les actes d’un colloque tenu au Centre Saint-Charles (Paris 1, Panthéon Sorbonne), les 14 et 15 mai 2014. À travers un ensemble de contributions issues de champs diversifiés sont proposés aux lecteurs des éléments de réflexion sur les divers modèles ou contre-modèles artistiques fournis par l’esthétique des ruines depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours.
Esthétique des ruines dans le monde nouveau
La ruine constitue tout à la fois un marqueur concret particulièrement fort du temps disparu et un point de rencontre entre le passé et le présent. C’est de cela que nous parlent les auteurs ; mais il s’agit aussi pour eux d’interroger le nouveau concept d’œuvre convoqué par la ruine. Car si la ruine appartient de plein droit à une esthétique classique, puisqu’elle l’a fondée en grande partie, elle contribue en même temps au culte moderne des monuments anciens. Si donc la ruine représente l’émergence d’une nouvelle conscience du temps et, comme telle, le basculement irréversible dans un monde nouveau, on comprend –lit-on en introduction de l’ouvrage – qu’elle hante à ce point l’art moderne et contemporain.
Questionnement de l’œuvre en ruine
Surtout, l’ouvrage interroge la persistance des ruines dans la création actuelle en sollicitant plusieurs disciplines, dont l’esthétique, les arts plastiques, la littérature, les jeux vidéo ou encore internet. Cette approche pluridisciplinaire tend à saisir dans sa complexité ce phénomène qui n’en finit pas de susciter attrait et répulsion, fascination et malaise. Les divers contributeurs de ce volume questionnent plusieurs modalités de l’œuvre en ruine (désastre, chaos, entropie, recyclage de sites dévastés, vandalisme, etc.) dans la double perspective d’une crise moderne de l’œuvre finie et d’une remise en cause du modèle progressiste de l’histoire de l’art. À travers ces différents points de vue, ce volume propose de répondre à l’interrogation suivante : Dans quelle mesure la ruine de l’œuvre ou l’œuvre en ruine peut-elle constituer un modèle pour la création artistique? Par le biais de cette problématique, ce volume met plus particulièrement en lumière la possibilité d’une représentation du temps en art, et les motifs de notre fascination ambiguë à l’égard des ruines – objet de culte et d’esthétisation –, dont plusieurs textes dévoilent les mécanismes idéologiques.
Les thèmes abordés dans l’ouvrage
Strates esthétiques : d’un paradigme ruiniste ?
Le paradigme urbain. Esthétique de la catastrophe et surveillance contemporaine
Échos contemporains De l’œuvre en ruine à la ruine de l’œuvre
Les auteurs
Céline Bonnel est doctorante en esthétique à l’institut ACTE UMR 8218/CNRS, université Paris 1. Ses recherches portent sur l’esthétique des ruines contemporaines et leur inscription dans la modernité.
Karim Charredib est artiste et maître de conférences à l’université Rennes 2. Il est l’auteur d’une thèse sur les zombies. Son travail artistique a été montré en France et à l’étranger (New York, Istanbul). Il travaille sur l’esthétique de l’horreur et de la science-fiction, et les relations entre l’art contemporain, le cinéma et les jeux-vidéos.
Anne Dietrich est agrégée en arts plastiques, actuellement ATER en arts plastiques à l’université Paris 1. Elle mène une thèse intitulée Art-mnésique, Refaire surface sous la direction de Miguel Egaña, à partir d’une pratique plastique mixte. Ses recherches questionnent l’organisation des strates de mémoire dans l’image.
Neli Dobreva est philosophe, docteur en esthétique et ingénieur SHS au sein de l’ESCoM-AAR/FMSH à Paris, où elle est en charge de la création et de la production de contenus numériques dans le domaine des digital humanities. Depuis 2006, elle enseigne la Philosophie de l’art à l’université Paris 1.
Marion Duquerroy est docteur en histoire de l’art et enseignante à l’UCO, Angers. Spécialiste de l’art contemporain britannique, elle porte un intérêt particulier aux questions relatives à l’idée de nature, depuis l’utilisation de la figure animale sur la scène artistique aux paysages industriels.
Miguel Egaña est artiste et professeur en arts plastiques à Paris 1. Il a notamment publié, Bête comme un peintre, Fage éditions (2011) et Les Filles du sommeil, L’Harmattan (2014).
Anna Guilló est artiste et maître de conférences en arts plastiques et sciences de l’art à l’université Paris 1. Elle est l’auteur de l’ouvrage Écrits d’artistes au XXe siècle, Klincksieck, coll. « 50 questions » (2010). Elle dirige par ailleurs la revue d’art et d’esthétique, Tête-à-tête, aux éditions Le Bord de l’Eau.
Agnès Lontrade est philosophe, maître de conférences en esthétique et philosophie de l’art à l’université Paris 1. Elle est l’auteur du Plaisir esthétique. Naissance d’une notion (L’Harmattan, 2004) et a notamment publié en codirection « Esthétique du don. De Marcel Mauss aux arts contemporains », Figures de l’art, n° 28, 2015.
Anaël Marion est enseignant et chercheur en histoire de l’art et en philosophie. Il est l’auteur d’une dizaine d’articles interrogeant les liens entre la ruine et sa contemporanéité.
Olivier Schefer est maître de conférences habilité à diriger des recherches à l’université Paris 1 où il enseigne l’esthétique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés au romantisme allemand et à ses résonances contemporaines, parmi lesquels Mélanges romantiques (Félin, 2013) et Figures de l’errance et de l’exil (Rouge Profond, 2013).
Gilles A. Tiberghien est maître de conférences à l’université Paris 1 où il enseigne l’esthétique. Il est l’auteur de divers livres sur l’art et le paysage dont Land art, édition Carré ( 2012 nouvelle éd.).
Riccardo Venturi est docteur en esthétique et histoire de l’art à l’université Paris Ouest-Nanterre La Défense et à l’université de L’Aquila, Italie. Il est actuellement pensionnaire à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment Mark Rothko Lo spazio e la sua disciplina (Electa, Milan, 2007).
Un ouvrage réalisé avec le soutien de l’UMR de Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Édition : Presses Universitaires de Rennes / Collection : Arts contemporains / Oct. 2015