Avant d’être Photographe, Pascal Reydet est géographe de formation. Dans cette période étrange vécue dès l’aube du troisième mois de l’année 2020, presque chaque jour, il va à un kilomètre de chez lui. À vélo, avec la chambre photographique Linhof sur le porte-bagages et le trépied en bandoulière. À pas plus d’un kilomètre, il veut observer le détail, les limites, parfois les ouvertures, les perspectives.
En préambule de son journal écrit au jour le jour, quelques mots : « Dès février, le monde était devenu étrange. Jusque dans les rues de Paris, on entendait le silence de Wuhan. Il y avait quelque chose qui ne collait pas, qui partait de travers. Les paysages étaient devenus “vides”, L’univers s’est rétréci brutalement. Le silence nous a abasourdis. »
Hiatus, c’est une chronique photo-géographique des limites qui explore les confins d’un l’espace vécu contraint. Pourtant, chaque limite écrit sa poésie propre en offrant une ouverture, une perspective, un monde rêvé. L’imaginaire nous mène toujours plus loin que le voyage. C’est aussi un journal photographique de l’année 2020 qui est écrit en trois chapitres chronologiques.
I – Le Monde était doux. Les paysages estompés par l’hiver, les silhouettes dans l’atmosphère ouatée de février renvoient à la douceur teintée d’anxiété du Monde d’avant.
II – On ne retient pas les nuages relate ce curieux moment d’inaction pendant lequel -il a fallu se pencher sur les détails, rêver de l’insignifiant, s’inventer de nouveaux paysages et regarder le ciel pour ne pas étouffer. « Je vois parfaitement toute la sauvagerie du calme » écrit Annabelle Larcheveque dans un de ses poèmes. Un nouvel univers s’est construit dans la contrainte, révélant les détails d’un espace vécu jamais observé aussi finement auparavant. Une frise de trois mètres propose autoportraits, jeux d’ombre et de lumière, végétaux, traces animales.
III- Géographie des limites. Ensuite, le cercle des possibles s’est élargi à un kilomètre. Le journal est devenu une chronique photogéographique, concentrée sur les limites. La chambre Linhof sur le vélo, je suis allé explorer les confins de cet espace contraint, dans toutes les directions. Avec, à chaque fois, une photographie et une phrase jetée spontanément sur un carnet. Ainsi, chaque limite a livré sa poésie. Car une limite ne vaut que par l’au-delà qu’elle laisse entrevoir. L’imaginaire nous mène toujours plus loin que le voyage.
L’étrangE Ordinaire – 2020 / ISBN 978-1-71-594027-0 / Prix 28 €
Chez : Les Éditions Atmosphères, Saint-Cyr-sur-Loire (37540)