Robert Macfarlane l’écrit à la première page de son livre : “This is a book about the power of language. It is a field guide to literature I love, and it is a word hoard of the astonishing lexis for landscape that exists in the comparison of islands, rivers, strands, fells, lochs, cities, towns, corries, hedgerows, fields and edgelands uneasily known as the British Isles.” C’est un livre sur le pouvoir d’une langue pour raconter les paysages.
Landmarks, pour préciser les paysages
Pour Macfarlane, les mots sont mis en valeur dans nos paysages, et les paysages sont mis en valeur dans nos mots ; notre langue façonne notre représentation de l’endroit que nous voulons décrire. Landmarks est un guide de terrain destiné à décrire la nature ; c’est un glossaire de mots remarquables utilisés en Angleterre, en Écosse, en Irlande et au Pays de Galles pour décrire la terre, la nature et la météo. Plus encore, Robert Macfarlane montre que la langue, lorsqu’elle est bien utilisée, est une façon passionnée de comprendre le paysage, et un moyen de l’aimer plus encore. Dans ses glossaires on a le plaisir de retrouver des toponymes presque perdus, des “marqueurs topographiques” [topograms] des “descripteurs terreux” du paysage britannique [earthy descriptors of the British landscape] ; ce sont des preuves sonores exprimant le paysage.
Ce que nous dit Macfarlane, c’est que la langue a le pouvoir de nous situer, de nous faire rencontrer la terre et de nous faire remarquer le monde organique. “Nous n’avons pas besoin d’émettre du carbone pour faire l’expérience de la beauté; le voyage est sur notre langue”. Dans un article, Macfarlane cite le mot smeuse qui est un terme du dialecte du Sussex signifiant “l’écart dans la base d’une haie faite par le passage régulier d’un petit animal” ; et il précise : “maintenant que je connais le mot smeuse, je vais remarquer ces signes de mouvement animaux plus souvent”, car pour lui ‘Remarquer‘ est la première et indispensable étape vers une cohabitation entre les créatures vivant sur la terre.
Éditeur : Hamish Hamilton / mars 2015 – Nominations : Prix Samuel-Johnson