L’hypothèse collaborative – un ouvrage réalisé sous la direction de l’agence Atelier georges (urbanisme, paysage et architecture) et de l’architecte Mathias Rollot et mis en forme par les graphistes de PierrePierre – c’est deux ans d’enquêtes menées par l’ Atelier georges et Mathias Rollot chez des “collectifs d’architectes”(une vingtaine de structures), augmentées de points de vue critique par des chercheurs aguerris et parsemées des regards de divers témoins proches de ces pratiques.
Un ouvrage bien accueilli à la biennale d’architecture de Venise 2018, puisque ce projet éditorial a été accompagné d’un projet sonore au pavillon français, où sous la forme d’un plateau radio chaque protagoniste aura été invité à poursuivre la conversation amorcée dans l’ouvrage dans une mise en scène sonore. Ainsi, trois conversations d’une durée de 1h30 chacune, ont rapporté trois manières de faire déjà identifiées dans l’ouvrage. À ce propos, on lisait sur twitter : L’hypothèse collaborative au programme du #frenchpavilion #BiennaleArchitettura2018 rdv le 23 juin pour le plateau #radiogeorges #conversationinfinie.
Ce qu’en dit l’éditeur
Depuis plus d’une dizaine d’années, des collectifs d’architectes essaiment et sont maintenant identifiés tant par les médias que par les institutions. C’est à cette nébuleuse informelle qui recouvre une large diversité de pratiques regroupées sous le thème “faire la ville autrement” que cet ouvrage cherche à rendre compte. Par la mise en avant de méthodes implicatives ou la pratique de chantiers ouverts et vivants, ce nouveau métier invite incidemment nombre d’acteurs, institutionnels et autres, à se questionner sur leurs façons de faire.
Ce projet éditorial vise à établir une cartographie problématisée des savoir-faire inventifs, expérimentations heureuses ou malheureuses des “collectifs” français. Les nouveaux enjeux écologiques, possibilités technologiques et données économiques posent questions, et poussent architectes, urbanistes et paysagistes à se tourner vers d’autres voies, méthodologies et finalités alternatives. Comment penser le devenir des territoires dans l’optique d’intégrer l’imprévu, le spontané, l’autonomie habitante? Sur quelles bases et énergies s’appuyer pour concevoir des dynamiques urbaines et rurales plus cohérentes et soutenables ? Notre hypothèse est celle de la collaboration. C’est à un travail de cartographie et d’interrogation de ces nouvelles capacités collaboratives que tente de se livrer ce projet : un éloge de la collaboration, mais aussi une tentative d’en cerner les potentialités latentes, limites, dangers et dérives.
À l’heure où une certaine reconnaissance par les pouvoirs publics se fait sentir et où la crise sociale et économique bouleverse nos équilibres, il est plus que jamais nécessaire d’ouvrir des espaces de réflexions collectifs, critiques et constructifs : c’est bien l’objet et la méthode que cet ouvrage propose. Il dresse un panorama non-exhaustif mais convaincant sur une pratique en pleine ébullition, construit tant sur des paroles récoltées que des points de vue critique.
Ce qui en est dit dans le Moniteur
L’ouvrage publié en mai est un véritable Who’s who des collectifs d’architectes français. Réalisé sous la direction de l’agence Atelier Georges et de l’architecte Mathias Rollot, il donne la parole à une vingtaine de ces structures qui envisagent autrement la fabrique de la ville.
Ils portent des noms aussi joyeusement énigmatiques que Bruit du frigo, Echelle inconnue, Saprohytes ou Encore Heureux et leurs membres se présentent volontiers comme les pratiquants d’une architecture plus raisonnable, artisanale, démocratique ou même festive. Mais au-delà de leur réputation de saltimbanques de la construction, que sont vraiment les collectifs d’architectes ? L’hypothèse collaborative, ouvrage réalisé sous la direction des paysagistes, urbanistes et architectes d’Atelier Georges et de Mathias Rollot, lui architecte indépendant, permet de mieux comprendre cette pratique alternative apparue dès les années 1990.
Portée par des maîtres d’œuvre et autres professionnels désireux de prendre part d’une manière moins individuelle à la fabrique de la ville, elle favorise l’expérimentation, la concertation réelle avec les usagers et le partage des connaissances, mais encore l’appropriation de l’espace public ou le recyclage de l’existant.
Militants et marginaux ? Publié en mai dernier, au moment même où, à la Biennale de Venise, le pavillon français mettait à l’honneur le travail de tels collectifs, ce petit livre rouge compile des entretiens avec une vingtaine de formations françaises. En complément, les auteurs ont collecté les témoignages d’acteurs plus “classiques” de la construction qui, désormais, cherchent à collaborer avec ceux qui ne sont “plus seulement des amuseurs qui installent des ballons gonflés à l’hélium” pour reprendre la formule de Nicola Delon d’Encore Heureux.
Le livre pose aussi quelques questions essentielles. Ainsi l’architecte-sociologue Elise Macaire s’interroge : “le lien à l’économie sociale et solidaire va-t-il s’affirmer ? (…) La commande publique qui vise ces pratiques a-t-elle la possibilité de soutenir leur professionnalisation ou va-t-elle les maintenir dans un certain niveau de précariat ?” En somme, les collectifs sont-ils voués à demeurer l’affaire de quelques militants un peu marginaux ?
Éditeur : Les Éditions Hyperville / Mai 2018