L’auteure, l’architecte urbaniste Chantal Deckmyn, l’écrit en guise d’avertissement : « ce manuel traite de la ville au sens de l’urbanité. [Ici], nous nous préoccupons de la ville en tant qu’elle est l’habitat naturel de l’homme. La ville est un milieu organisé à la fois contraignant et soutenant. C’est le dispositif – non pas suffisant mais nécessaire – grâce auquel les humains peuvent vivre en nombre et ensemble en développant des relations de civilité, politesse et d’urbanité » – trois mots qui ont pour racine le mot ville en grec et en latin, est-il ajouté en note.
En sous-titre, il est adjoint : Manuel pour une hospitalité de l’espace public. Et l’on comprend alors qu’en réalisant cet ouvrage, le projet de l’auteure est de contribuer à l’aménagement d’un espace public « instaurant des conditions plus heureuses », un espace public pour tous. Pour mieux prévenir le lecteur, l’urbaniste et anthropologue ajoute que la ville peut vouloir dire village, banlieue et même espace de campagne, dans la mesure où celui-ci est, autant que la ville, une organisation physique et symbolique créée par l’homme. Évidemment, il ne s’agit pas d’utopie, dans le sens ou tout ce qui est montré dans l’ouvrage existe “quelque-part”, et ne vient donc pas de “nulle-part”. C’est même, rappelle l’auteure, un ouvrage qui permet de réaliser dans un nouveau lieu, ce qui a déjà été réalisé ailleurs, puisqu’il y a dans le livre des “marches à suivre”, un “cheminement à suivre” pour faire.
Ce qu’en dit l’éditeur
Ce livre est un manifeste pour la ville. Ce n’est ni un pamphlet ni une critique amère ou nostalgique de notre réalité. C’est un manuel pratique qui s’adosse à une pensée et à une éthique de la ville, qui part de l’existant et tente de le saisir. L’ouvrage croise les dimensions spatiales et sociales de la ville. Il ne cherche pas à convaincre. Il expose, pas à pas, le bénéfice que représenterait pour tous, individuellement et collectivement, un espace public civil, favorisant la citoyenneté, l’égalité et la solidarité. L’ouvrage, composé de 19 entrées thématiques (bancs, sols, gares, sûreté urbaine…), propose un choix de préconisations qui, sans prétendre à l’exhaustivité ni à la perfection, tendent vers une éthique des interventions dans la ville. Chaque entrée, éclairée par les enjeux anthropologiques et politiques de l’espace public, comporte des recommandations, explore des aspects pratiques, évoque quelques-unes de ses dimensions sémantiques, historiques ou artistiques. Des exemples, des contre-exemples, des illustrations, une marche à suivre permettent de penser les différentes problématiques en regard de cas concrets. L’ouvrage intéressera tout un chacun, des élus et des aménageurs aux amoureux de la poétique urbaine.
L’auteure
Chantal Deckmyn est architecte-urbaniste, diplômée de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-UP6 (aujourd’hui La Villette) en 1976. Elle a parallèlement poursuivi sa formation par des études en philosophie (Aix-en-Provence) et en psychanalyse (Paris VIII) avant d’obtenir en 2000 un DEA de socio-anthropologie à l’université Louis-Lumière de Lyon. Durant une quarantaine d’années, elle a répondu à des commandes publiques par une approche urbaine et sociale s’appuyant principalement sur des récits littéraires. En fondant en 1997 à Marseille l’association Lire La Ville, elle a formé une équipe d’écrivains, d’artistes, d’architectes, de paysagistes et de philosophes. Lire La Ville est à la fois un atelier urbain et une agence de reconversion professionnelle œuvrant auprès de populations et de lieux urbains à divers titres disqualifiés.
Titre : Lire la ville. Manuel pour une hospitalité de l’espace public
Auteure : Deckmyn Chantal
Éditeur : Dominique Carre / Les Éditions La Découverte
Parution : 24/09/2020