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Ces derniers jours, je reprenais [Juste en passant] une note prise à la lecture de ce merveilleux ouvrage de Simon Schama : « Le paysage & la mémoire ». Sur ma petite fiche des“ idées importantes à retenir”, j’avais inscrit ce passage pour mieux pouvoir y revenir : « Les paysages sont culturels avant d’être naturels ; ce sont des constructions que l’imaginaire projette sur le bois, l’eau, le rocher. Mais reconnaissons-le, une fois qu’une certaine idée du paysage, un mythe, une vision s’établissent en un lieu donné, ils ont le don de brouiller les catégories et de rendre la métaphore plus réelle que son référent, de s’intégrer au décor en somme.» Et je me suis souvenu que ce livre n’était pas dans la médiathèque de ZoneFranche.media ; il fallait y remédier d’urgence.
On ne voit jamais un paysage
Ce livre, il est fort bien raconté par Antoine de Baecque dans « Le Monde » du 27 octobre 1995.Sa présentation est d’ailleurs celle adoptée par l’éditeur et les libraires. Ainsi : « On ne voit jamais un paysage, on le revoit : il est là, gravé en nous par les récits, les mythes collectifs, les images les plus diverses, des gravures aux tableaux, des cartes postales aux films. Et c’est ce travail collectif de la mémoire, la constitution de paysages idéaux par accumulation de récits, de descriptions, de journaux de voyages, d’images, que Schama élucide. […] Ces visiteurs des hauts lieux naturels, « où soi-même se révèle à soi-même », sont à chaque fois l’occasion d’une démonstration érudite (Schama fait un très bel usage des citations) et d’une écriture très maitrisée. Étudiant le travail quasi poétique opéré par la mémoire collective sur un bon nombre de paysages, Simon Schama se fait lui-même écrivain. Sans doute est-ce là que son appel provocateur en faveur d’une autre histoire est le plus convaincant : le récit, dans ce livre, brasse les métaphores, les citations et l’analyse selon un fil narratif dont le pouvoir de suggestion gagne, à lui seul, le statut d’un paysage. Enserrant et répondant à ce paysage de mots, il convient de mentionner enfin le très beau travail d’illustration proposé ici, les images s’ajustant à l’écriture tout au long d’un ouvrage qui fait date ».
Permanences et variations des paysages
Mais un autre amateur de territoire, le géographe Bernard Debarbieux écrit, lui, dans une note de lecture dans « Revue de géographie alpine » en 1999 : « Derrière un titre fort neutre se cache un ouvrage étonnant. Il s’agit d’une longue et vagabonde réflexion sur les permanences et les variations qui caractérisent les rapports que les sociétés humaines entretiennent avec quelques formes naturelles : les cours d’eau, la forêt et la montagne (…) À partir de cette idée simple et somme toute assez peu novatrice, Schama nous entraîne dans une stupéfiante déambulation, indifférente à l’ordre chronologique, peu soucieuse des distances et des océans à franchir, destinée à nous faire visiter un nombre impressionnant de situations particulières. »
Il ne reste qu’à le suivre, à prendre plaisir à déambuler dans le temps et l’espace des montagnes, des fleuves et des forêts.
Le Paysage & la Mémoire ; Traduit de : Landscape and Memory (1996) / Auteur : Simon Schama / Les éditions du Seuil, parution 19/01/1999
