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J’ai pensé à ce livre, nous dit Claude Eveno, en faisant une visite à Versailles, en allant regarder les sculptures de Giuseppe Penone. [Parce qu’aussi] l’apparence du jardin est une chose finalement variable… [Et que] ce ne sont pas les arbres qui changent de place, mais nous.
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êveries, souvenirs, pensées…, tout est là dans la promenade, cette expérience émotionnelle de l’espace qui brasse continûment la mémoire personnelle et l’histoire collective. Ici, une longue promenade sur quatre saisons, d’un été au printemps suivant, à travers des jardins proches, à Paris et en Île-de-France, mêlés à la réminiscence des paysages lointains, l’Italie et le Japon, la Bretagne et l’Himalaya. En mélangeant les jardins et leurs époques, la promenade surprend sans cesse par le côtoiement de l’héritage et de l’inclassable, et offre la possibilité de penser notre époque en pensant ce qu’on a sous les yeux.
L’humeur paysagère, c’est aussi quatre-vingt-dix jardins visités ou revisités, à Paris et en Ile-de-France, précédés de la remémoration d’une douzaine de paysages fondateurs !
Ce que dit l’auteur de cette humeur paysagère
En décembre 2014, pour la librairie Mollat à Bordeaux
Pourquoi un livre de promenades ? “Parce que c’est peut-être la seule activité physique qui me face vraiment plaisir nous dit Claude Eveno ; marcher, marcher dans la ville, marcher dans les jardins, dans la campagne… Cela devait être une succession de promenades toujours écrite au lendemain de la promenade et sans programme : je trouvais l’idée du jardin suivant en écrivant sur le précédent. Ce livre est une sorte de rêverie, une méditation…
Saisir un jardin le plus profondément possible, en avoir une appréhension plus complète doit mêler l’expérience émotionnelle de l’espace avec l’analyse appuyée sur les savoirs qu’on peut en avoir de la façon dont il est composé, dont il est fabriqué, organisé, etc.
Mélanger une théorie paysagère sur les jardins anglais du XVIIIe siècle avec l’éclat de rire d’un petit groupe de gens sous un arbre à Bagatelle, ça donne à penser, ça donne à voir d’une manière totalement singulière et beaucoup plus riche que ce que l’on peut engranger simplement par l’histoire.
L’apparence du jardin est une chose finalement variable… Ce ne sont pas les arbres qui changent de place, mais nous. À chaque visite, on fait une déambulation qui ne peut pas être calquée sur [la visite] précédente. On peut être seul, ou accompagné, avec beaucoup de gens, avec des enfants, avec des amis… Ce sont les circonstances mentales – qui sont les nôtres au moment où on visite un jardin – qui sont à chaque fois différentes. On fabrique en quelque sorte une apparence à nos propres yeux qui est différente du jardin. En cela, on peut dire que le jardin est inépuisable.
Ce livre est une collection mentale, pas seulement constituée de ce que j’aime, mais aussi par ce qui m’a enrichi.
Et puis, il y a une quantité de plus en plus grande de livres sur les jardins, plutôt dans la catégorie “beaux livres”, conclut Claude Eveno, mais des livres de lecture, il n’y en a pas tant que ça.”
Un livre paru en janvier 2015, chez Christian Bourgois éditeur
Du même auteur :
Revoir Paris, paru en janvier 2017, Christian Bourgois éditeur – Ou “ voyager dans Paris. Et le faire par voyages successifs, d’un ou plusieurs jours, en suivant des parcours parfois fréquentés depuis longtemps, mais en m’abandonnant à de multiples écarts, de façon à connaître enfin, plus que des tracés contraints par la vie ordinaire, de véritables régions urbaines, car dans la solitude du marcheur, on arpente des pays et l’on contemple des paysages.”
À la Une : L’arbre aux voyelles de Giuseppe Penone installé au jardin des tuileries en 1999 – Photo sur Art Wiki
