J’ai grandi dans « Les briques rouges » au Pré Saint-Gervais, dans ces premiers immeubles HBM de la région parisienne, “dessine” Cendrine Bonami-Redler.
Sur le plat verso du livre Le Pré Saint-Gervais – Chroniques citoyennes publié en novembre 2014, je lis : “Au début du XXe siècle, le Pré Saint-Gervais, commune urbaine aux allures villageoises, appartient au département de la Seine. Elle est devenue la plus petite agglomération de la ceinture parisienne au cours de son existence (…) Vivante cité ouvrière, le Pré Saint-Gervais abrite des industries qui fabriquent des automobiles, des bicyclettes et des pianos”.
Entre les pavillons et les Briques Rouges
Enfant, Cendrine Bonami-Redler vivait là dans les Briques Rouges, avenue Jean-Jaurès ; mais bon, tout ça elle le raconte dans les deux pages qui lui ont été réservées ; ou peut-être évoque-t-elle plutôt dans ces pages la vie d’enfants dans ces quartiers : “Autour des immeubles, raconte-t-elle, une ruche d’enfants dont je faisais partie animait la vie quotidienne… Chaque année dès les premiers flocons, nous courrions au local des poubelles pour transformer des morceaux de carton en luge. Nous glissions des heures durant sur les petites pentes enherbées devenues blanches, entre les pavillons et les Briques Rouges. Les cris de joie révélaient notre bonheur.”
Cendrine Bonami-Redler a installé son atelier dans la rue
Cendrine Bonami-Redler a toujours dessiné, “au bout du monde ou de la rue” comme elle aime le dire ; ce que j’imagine, c’est qu’elle a grandi au pied de l’appartement familial, dans les rues de sa cité-jardin. Alors elle peut dire simplement : “J’ai grandi dans « Les briques rouges » au Pré Saint-Gervais. Je fais même partie de la quatrième génération de ma famille à y avoir grandi”. Par évidence, plus tard, elle a installé son atelier dans la rue et plus souvent encore “ici et là”. Dans ses ateliers de campagne, Cendrine Bonami-Redler dessine pour raconter.
Croque un ensemble de petits bâtiments de 1933 en brique rouge…
Et c’est ainsi qu’il y a quelques années, la ville du Pré lui commande vingt dessins ; plusieurs se rapportent à cet ensemble architectural que l’on connait sous le nom de “Cité-jardin du Pré Saint-Gervais ” – un ensemble de petits bâtiments de 1933 en brique rouge (du R+3 au R+5) de 1 256 logements conçus par l’architecte Felix Dumail ; d’autres complètent l’histoire de la ville. À cette occasion, Cendrine Bonami-Redler croque les vestiges d’une utopie, celle de la cité-jardin, d’un morceau de la ville aussi.
Elle a gentiment accepté que nous publiions quelques-uns de ses dessins :
– La cité-jardin – Place Henri Sellier
– Les immeubles qu’on surnomme donc « Les briques rouges » (Premiers HBM de la région parisienne). “Quand j’étais petite, commente Cendrine, il y avait les fils à linge communautaires (il reste quelques traces), les locaux poubelles, j’aimais cette idée de partage des lieux.”
– La poste – Coin avenue Jean-Jaurès / Rue Danton
– Les écoles élémentaires – Pierre Brossolette et Jean-Jaurès : “ En face de la cité, il y a aussi le complexe scolaire primaire (où j’étais tout comme mon père et mon oncle), là encore l’architecture (surtout intérieure) vaut vraiment qu’on s’y attarde.”
“Tout ceci fait un ensemble…”
Le site de Cendrine Bonami-Redler : https://www.cendrinebonamiredler.com/
J’ai découvert Cendrine lors des rencontres » carnets de voyages » à Bordeaux en décembre dernier.
Son livre « dans son jus » est un pur bonheur de nostalgie pour moi qui suis de Paris (Bordelaise d’adoption depuis 20ans). Je ne prétends pas la connaître en quelques heures mais j’ai aimé sa personnalité, son empathie pour les « laissé pour compte », sa gentillesse et son ouverture d’esprit. Croiser sa route apporte de belles choses…
Merci pour tous ces gentilles paroles qui me touchent sincèrement.