Avant, que l’architecte paysagiste Michel Corajoud et ses équipes inventent leur “jardin des lumières”, dans le centre de Bordeaux en bordure de la Garonne, il y avait des entrepôts et des grilles. Une zone statique s’était renfermée sur son passé.
Séquences urbaines
Aujourd’hui, le long des quais Louis XVIII, des quais du Maréchal Lyautey, des quais de la Douane et du quai Richelieu, un jardin composé de 33 000 plantes réparties sur 223 plates-bandes dessinées en parallèle à la Garonne laisse à penser autrement. L’espace public, une promenade de plus de 4 Km, a repris sa place sans gesticulation. La vie s’y est installée. Michel Corajoud l’exprime : “Vous regardez les Quais de Bordeaux, il n’y a pas là d’emphase, pas d’énervement. » De part et d’autre du “Miroir”, “le jardin des lumières” est devenu le lieu de promenade et de rencontres. Le nouveau paysage urbain s’est inséré dans le quotidien des habitants. Les Bordelais se le sont approprié avec gourmandise.
Le miroir d’une ville
L’idée pour Michel Corajoud est que “la ville se transvase sur le quai”, mais aussi que “la Garonne reprenne sa place”. Mais pour bien réussir, il fallait ajouter le mouvement, comprendre dans la lecture du projet les arrières plans et ajuster les raccords entre paysages. En premier plan, le “Miroir” reflète l’activité de la ville. Au-delà de l’impression en miroir de l’hôtel de la Bourse, symbole de la puissance économique de la cité, il y a aussi en lecture, son ordonnancement et le mouvement de ceux qui viennent, vont, passent… Tout cela dans un rythme horloger qui par séquence masque toute empreinte de paysage et d’activité humaine. Dans une brume qui s’installe, la ville s’efface. Le passant n’a plus qu’à poursuivre son chemin.
L’alphabet de la pensée
Mais aussi, “La ville a besoin qu’on lui rappelle que la campagne existe. Nous devons nous rappeler que nous avons tous un grand-père paysan. Et ce grand-père a planté ses choux en ligne.” C’est ce qu’illustre la séquence “Les jardins de lumière”. Le jardin, à l’échelle d’un champ, est “un fond, un alphabet de la pensée”, pour que la ville se rappelle d’où elle vient et le pourquoi elle existe.
Rien n’est défiguré, tout au contraire. La ville et la Garonne ont construit un dialogue qui reprend l’origine pour affirmer la raison urbaine. Le jardin de Michel Corajoud est un déroulé qui en première séquence donne à voir et qui se termine dans l’affirmation du végétal.
Photos : Ville de Bordeaux / Thomas Sanson
En savoir plus :
À visionner sur youtube : Conversation sur les quais 2 https://www.youtube.com/watch?v=iFTZ1hLKYwY&feature=share
À voir sur flickr, des photos des multiples facettes de ce miroir d’eau https://www.flickr.com/groups/bordeauxmiroir/