Dans une prison abandonnée de Kotor, une ville fortifiée sur la côte adriatique de Monténégro, il y a eu pendant l’été 2017 ce projet de concevoir et construire des structures temporaires, simples à mettre en place, qui permettraient de réorganiser l’espace, d’amener le visiteur à regarder différemment le lieu.
Comment dire ? Ceux qui sont là sont les élèves d’une classe d’été ; Ils sont venus rencontrer le designer scénographe croate Nikola Radeljković du collectif Numen / For Use. En fait, il s’agit de 26 étudiants qui sont venus expérimenter dans un vieux fort, le tracé, comme outil de perspective, de fuite… Ils sont venus redécouvrir le principe du fil d’Ariane ; Ils sont surtout venus apprendre à exprimer l’espace. Enfin c’est ce que je pense… Et surtout, je voulais montrer ces fils.

“Broken Light”, une installation de Sonja Jankov, Đina Prnjat, Nemanja Mitrović, Janž Omerzu : j’entends dans ce titre : “lumières délabrées”, “lumières brisées” ; je lis à la lecture de l’installation, toutes ces évasions rêvées qui se sont heurtées à la dureté du réel ; ces tentatives entre détenus d’organiser une évasion, de s’évader du moins par la pensée.

Dans “Stair Trick”,de Sara Simoska, Agata Skorka, Nikola Abramović, il y a cette idée qu’il est toujours possible d’inventer un passage secret (ou réservé) ; mais aussi qu’il est toujours possible aussi de le laisser voir…

Avec “Agora”, de Georgios Grigoriadis, Vasilis Aloutsanidis, Dimitrios Chatzinikolis, on aimerait qu’il y ait une convergence d’idée ; où peut-être à l’inverse, que cette idée imaginée par celui qui est prisonnier puisse être pleinement partagée dans l’espace public.

“How Deep is Your Love” de Chi Chun Tang, est une expression de la difficulté de se retrouver seul ; celui qui est dans la cellule, se sent abandonné. la corde est distendue, elle ne peut plus faire le lien social.

Avec “Corona”, de Ana Aleksić, Bojana Bobičić, Gosia Pawłowska, Snežana Zlatković , Miloš Đikanović, Andrew Scheinman, Dejan Todorović, c’est l’éclat de la lumière qui est recherché ; la perspective c’est ce puit de lumière qui est au centre. De chaque ouverture, des pensées s’échappent ; elles cherchent “la clef”.

Avec “ Oculus” de Sabina Marov, Aiste Ambrazeviciute, Luka Ljumović, on se sent un peu prisonnier dans la trame d’une araignée qui nous empêcherait de profiter d’un nuage pour nous évader.

Et “ Scope” d’Ines Pajović, Kristina Savić, Lina Viluma, Luka Ljumović, Miljena Vučković, Sherief Al Rifai, accentue l’idée que nous sommes aussi dans un espace qui respecte certaines rondeurs ; qu’il pourrait même y avoir ici quelques allusions à de possibles évasions.
Toutes les images : Luka Boskovic
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