Pour l’architecte, urbaniste et professeur d’architecture, Nicolas Soulier, « c’est dans la rue que se joue, sans qu’on en soit toujours conscient, une grande partie de la qualité de la vie dans une ville ou un village. Il y a des rues où l’on se sent bien, des rues vivantes – sans forcément être commerçantes – où l’on se dit qu’on aimerait bien habiter et élever nos enfants. Et puis il y a des rues qui, à l’inverse, nous semblent mornes, stériles, désertes ». Il ajoute que c’est avant tout une histoire de vie « spontanée » et de cadre qui permet à cette vie de s’exprimer ; que cela tient souvent à des petites modifications qui, quand elles sont accumulées, peuvent avoir de grands effets.
Alors simplement pour illustrer cette évidente proposition, nous avons remonté l’une des plus vieilles rues de Fondettes, la rue de Châteauneuf, une rue située en plein centre-ville et à moins de 100 mètres de l’église Saint-Symphorien classée au Patrimoine. Une rue bien étrange, cette rue de Châteauneuf. Une arrière rue plutôt, servant de liaison entre leurs dépendances et les boutiques ayant pignon sur la rue principale du bourg. Une rue grise qui cherche désespérément l’intérêt et dont personne ne sait vraiment si elle appartient à l’espace public ou privé.
Elle est aussi, une survivance d’un château construit aux alentours du XIIe siècle, dont personne n’a aujourd’hui l’idée d’une quelconque forme. Au gré des ans, la rue n’est devenue plus qu’une galerie technique. Sans aucun formalisme, des maçonneries ont empiété sur la rue, des tuyauteries se sont inscrites en façades, des câbles s’y sont ajoutés pour alimenter moteurs et climatiseurs. Un vrai méli-mélo d’une esthétique encombrante qui se complique de jour en jour.
Cette rue, on ne peut pas le nier, est pourtant habitée. Comment la rendre plus conviviale ? Personne ne le sait vraiment et peut-être préfère-t-on la laisser en arrière vue. Les propriétaires, s’inquiètent d’une obligation de remise en conformité du bien public. La mairie n’est peut-être pas exempte de responsabilité en raison des autorisations tacites (?) accordées aux uns et aux autres.
La situation serait-elle bloquée ? Certainement pas. De nombreux exemples de reconquête de rues fleurissent partout en France et dans le monde. Et puis, à Fondettes, une nouvelle équipe municipale « travaille chaque jour au bien-être et à l’amélioration de la qualité de vie » de la population. Elle le prouve, puisque aujourd’hui, il existe huit conseillers de quartiers et que cela a certainement un sens.
C’est encore une question de riverains. La rue de Châteauneuf large d’une dizaine de pieds et longue de quelques cent neuf mètres doit être habitée. Elle ne doit pas simplement être un passage utilitaire, un accès de livraisons ou un lieu d’aisance opportun.
Trouver collectivement le moyen de cesser de stériliser la rue permettrait de ne plus encourager les habitations à se refermer sur elles-mêmes, et peut-être aussi de rouvrir la rue aux promeneurs. Il est encore temps. La rue de Châteauneuf peut redevenir un espace d’échanges. Elle reste à conquérir. La clé est entre les mains des habitants de la rue, mais aussi dans l’accompagnement politique et technique de la municipalité.