En 2012, Jeppe Hein réalise une série de bancs publics pour la station balnéaire de Haan, en Belgique. Installés sur la promenade en front de mer, ce sont des bancs développeurs de sociabilité forte réservés à un usage anormal, hors normes et pourtant si ordinaire. Ils sont là pour provoquer les promeneurs et engager le dialogue.
Vus de loin, ce sont des bancs publics. Au second regard, on voit que les bancs sont ébranlés, tronqués, bouleversés. Ils sont surtout réformés pour contredire une évidence, pour provoquer les réactions de ceux qui passent, mais surtout pour aider à imaginer d’autres pratiques. C’est ce qui prime dans le travail de Jeppe Hein. En premier lieu, son questionnement sur le comportement social, nourrit l’œuvre. Ses bancs interpellent. Aux visiteurs de répondre à l’invitation.
Lorsqu’on s’en approche, tout bascule. On comprend que ces bancs nous invitent à d’autres pratiques, qu’ils nous interrogent aussi sur notre façon d’être dans l’espace public. Ils invitent chacun à reprendre pleinement possession de l’espace commun. Il ne s’agit plus seulement de s’assoir pour s’extraire discrètement du mouvement. Ces bancs-là favorisent l’identification, voire la posture. Ils permettent à ceux qui les pratiquent d’entrer en contact immédiat avec les regardeurs. Ils initient un nouveau rapport entre l’individu et le groupe. “Modified Social Benches” interroge.
Depuis 2012, le travail de Jeppe Hein est l’outil d’une étude grandeur nature. Ses bancs font le tour du monde, s’installent dans les villes et questionnent.
Illustrations : Jeppe Hein / Artshooter