Depuis les années 1950, le nombre de lotissements ne cesse de grandir et certains urbanistes, pour une meilleure prise en compte de la notion d’étalement urbain, cherchent même à trouver des solutions intermédiaires entre « ville dense » et lotissement pour intégrer des objectifs dits « de développement durable » et tenter de réduire l’empreinte écologique des nouveaux projets. Certains affirment encore que le lotissement d’habitation, en tant que modèle urbain, est menacé dans son développement, voire dans sa survie. Pourtant aujourd’hui, le lotissement est encore pour les familles, la forme urbaine privilégiée d’habitat ; la maison individuelle est l’aspiration de 80 % des français. L’étude réalisée par le CERTU en mai 2010 confirme que les familles qui font le choix d’acquérir une maison dans le péri-urbain le font en raison de quatre critères : posséder une maison avec jardin – avoir un accès rapide aux pôles économiques – avoir une qualité de vie alliant services et commerces de proximité – avoir la possibilité de personnaliser et de faire évoluer sa maison.
Alors, quel peut être l’avenir de cet urbanisme périphérique ? Un avenir durable, très certainement, mais qui doit devenir l’aboutissement d’un travail cohérent entre collectivités territoriales, techniciens de l’environnement, lotisseurs et constructeurs, et futurs propriétaires. Les aspirations individuelles et collectives doivent pouvoir se concilier. Dans tout projet de lotissement, il y a d’abord le contexte, et puis des espaces publics et privés à organiser. L’espace public est pérenne ; il est la respiration du lotissement. Le bâti, lui évolue avec le temps : « A mesure qu’on s’approche, c’est de plus en plus une esthétique joyeuse et désordonnée, le laboratoire d’un individualisme modeste où chaque pavillon devient singulier, différent des autres par un effet de composition, un tissu de réappropriations individuelles au sein d’un lotissement malgré tout collectif puisqu’il est aussi un réseau de voisinage, parfois d’entraide, toujours de regards », écrit Pierre Zaoui, reprenant les propos de l’architecte Michel Perrot dans un article paru dans le numéro 42 de la revue Vacarme (hiver 2008).
De plus en plus, de communes chargent des agences d’urbanisme d’initier la réflexion pour concevoir de nouveaux quartiers. Progressivement aussi, des aménageurs fonciers affirment « avoir une responsabilité et une action directe sur l’environnement des nouveaux quartiers d’habitation ( Référence ) ». Pour Sophie Clerc de l’agence URBAN’ism, « il y a dans tout projet une logique d’intégration dans le patrimoine existant ». Alors, par ce travail en amont, le lotissement change de visage ; il n’y a plus « des maisons posées les unes à côté des autres, chacune au milieu de sa parcelle », mais un nouveau village qui se construit en pleine cohérence d’intégration. Il ne s’agit pas de contrainte dans cette nouvelle façon de faire mais d’un travail avec tous ceux qui feront le « nouveau quartier ». Les élus deviennent moteurs. Les constructeurs sont sensibilisés. Les futurs propriétaires comprennent que leur projet s’insère dans un esprit de voisinage.
Dans ces nouveaux villages, ajoute Sophie Clerc, « les parcelles deviennent plus petites ; il reste encore à rapprocher les maisons les unes des autres comme savaient le faire les anciens, à créer les volumes ».