Ils s’appelaient jadis « jardins ouvriers », on les appelle désormais jardins partagés, jardins collectifs ou encore jardins familiaux. Présents aussi bien à la ville qu’à la campagne, ces jardins sont à la Une et se retrouvent dans la plupart des projets urbains.
A Tours, 1280 jardins familiaux sont répartis sur 16 sites et comme partout en France la demande est croissante. Pour y répondre, un travail important est mené par les services de l’urbanisme et du paysage de la ville.
Les formes renaissantes d’une propriété partagée
Les responsables de nos villes voient dans ces jardins « une mutation du rapport à la propriété en lien avec l’émergence de nouveaux modes de vie, de pratiques communautaires ». Ils nous parlent d’appropriation de l’espace urbain, de pratiques et d’implication des citadins, de solidarité, d’entre-aide, de lien social, du vivre ensemble, de vie de quartier.
Dans notre monde, ce jardin, devient à la fois la propriété de la ville, de quelqu’un et de tous. Il devient pédagogique et se mut en lieu d’apprentissage. Petit coin de verdure pour le jardinier, la parcelle individuelle s’inscrit également dans un projet plus global d’aménagement urbain. Elle apporte la nature en ville et favorise la biodiversité en augmentant le maillage des espaces verts.
Une récolte potagère
Aujourd’hui se pose la question du rôle de ces espaces : simple lieu de loisir ou un peu plus que ça ? Que ces jardins soient agréables, c’est l’ambition de tout jardinier. Il n’y a qu’à le laisser faire. Mais, ces jardins répondent d’abord à un besoin réel. A l’origine, les jardins familiaux permettaient un équilibre social et une autosubsistance alimentaire dans les quartiers d’une France ouvrière et moyenne. Aujourd’hui, ils deviennent d’abord une thérapie, un antidote au mal des villes. Il n’en reste pas moins, d’après les enquêtes sociologiques menées à l’INRA, que le jardin familial répond aussi à un désir de cultiver des produits sains et goûteux.
En toute simplicité
Dans les nouveaux projets urbains d’ « Eco-Quartiers », on aimerait qu’un lopin de terre puisse être alloué à chaque logement créé. Que les terrasses d’immeubles puissent devenir jardinières. Le jardin familial deviendrait alors un espace de convivialité et d’entraide ouvert sur les constructions et le quartier.
Dans notre utopie, on imagine une ville où les friches sont laissées au soin des habitants et où des arbres fruitiers pousseraient dans les haies comme c’est le cas dans certains pays d’Europe.
On peut même se plaire à rêver à un retour des traditionnels « jardins des potages et des simples » qui existaient jadis dans les villages et monastères de France pour faire pousser légumes et plantes médicinales.
Illustration : Chrystèle Saint-Amaux