Aujourd’hui, je découvre à la lecture d’un article sur la plate-forme d’actualités de la Radio-Télévision Suisse (RTSinfo) qu’une église en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans la commune d’Erkelenz en Allemagne, vient d’être détruite.
L’information circule à grand train ; et j’entends que l’on retient que dans le diocèse d’Aix-la-Chapelle, une église néo-romane datant de la fin du XIXème est mise à bas. En réalité, ce qui se passe dans cette commune allemande est bien plus inquiétant.
Lorsque les cloches sonnent…
Eh oui, il ne s’agit pas seulement d’une église qui a été détruite faute d’attention, mais de tout un village qui progressivement depuis 2013 est rasé pour laisser place à l’extension d’une gigantesque mine de charbon à ciel ouvert (qui s’étendra sur plus de 9 000 hectares) gérée par la société RWE, propriétaire du plus gros parc de centrales à charbon d’Europe. Vous comprendrez alors que personnellement, ce n’est pas la destruction de l’église qui m’inquiète ; je suis plutôt stupéfait qu’un crime contre l’environnement puisse être ainsi légitimé. Mais pourquoi devraient-ils s’arrêter là ? Alors que nous savons que l’exploitation de ce maudit charbon ne peut que générer des polluants dégradant l’eau, l’air, la santé de l’Homme ou affecter des écosystèmes… Je ne comprends pas.
… Un bagne s’est déplacé.
À seulement quarante kilomètres de Düsseldorf, ce village d’Immerath, qui totalisait, il y a encore cinq ans, un millier d’habitants et qui hébergeait de nombreux commerces où l’on venait faire ses courses, n’est plus. En 2006, Neu-Immerath, une bien plus grosse ville d’environ 8 000 habitants, se construit à proximité. Je comprends alors qu’Immerath n’est pas la seule ville concernée, et que d’autres villages sont menacés ; qu’Immerath fait partie de douze villages en cours de déplacement et de démolition dans le bassin minier rhénan. Et qu’il s’agit en fait de plus de 6000 habitants qui sont touchés par cette “planification minière” autorisée. Je ne peux alors effacer cette image, celle du serf attaché à la terre, cet homme dont le seigneur vole les droits et qu’il peut vendre avec ses terres. Et cette autre image d’un bagne à Cayenne que l’on appelait “la guillotine sèche” parce qu’on y mourrait plus de maladie que de “mauvais traitements”.
Vous êtes sur une scène de crime !
Ainsi, en 2013, l’ancien bourg d’Immerath (avant d’être totalement détruit) devient un village fantôme. Même son cimetière n’est plus. Ses morts ont été transportés dans la nouvelle ville. Mais j’apprends aussi par la chaîne d’information Suisse que ce n’est pas un cas isolé en Allemagne, et que pour l’exploitation du charbon, des villages entiers ont été rayés de la carte et même, qu’en 2007, une église vieille de 750 ans (l’église de l’Emmanuel) a été déménagée de 12 km entre Heuersdorf et Borna, sur deux plateformes roulantes et pour un prix de trois millions d’euros. Le cimetière est protégé, l’église est déplacée ; le patrimoine de l’humanité est sauvé.
Surtout, on me dit que ces villages de Rhénanie risquent de ne pas être les derniers sur la liste des communes scarifiées au charbon et qu’en soixante ans 80 000 personnes ont été expropriées et relogées. L’industrie minière sait faire les choses en grand…